Les robinets sont à sec dans les communes de Mbumba et Mabondo, sur la colline de Kele, à Tshikapa, dans la province du Kasaï. L’effondrement, en 2020, du pont jeté sur la rivière Kasaï par lequel passait la tuyauterie de la Régideso a privé ces quartiers de l’eau potable.
Depuis, les promesses des autorités se succèdent, mais l’eau ne coule toujours pas.Et ce sont les femmes qui, chaque jour, en paient le prix.
Ruth Kapinga, mère de cinq enfants, se bat quotidiennement pour approvisionner sa famille.
« Moi je suis déjà tombée deux fois en allant chercher de l’eau à Dibumba. C’est loin. Et quand tu reviens, tu dois encore tout faire à la maison. Je suis fatiguée », souffle-t-elle, bidon sur la tête, le dos trempé de sueur.
À Mabondo, Monique Tshilanda raconte un drame évitable.
« Une fois, ma petite sœur est tombée malade après avoir bu de l’eau de puit qu’on avait puisée. On n’a pas les moyens de la traiter. Même les médicaments, on en manque.»
Face à cette crise, l’Appui des jeunes à la protection des droits des opprimés, femmes et enfants hausse le ton.
« Cela fait cinq ans que les femmes souffrent dans l’indifférence. Nous demandons aux autorités provinciales et à la Régideso d’agir en urgence. L’eau est un droit. Et les femmes ne doivent pas continuer à en souffrir ainsi », martèle son coordonnateur, Hubert Kadima, au micro de Radio de la Femme.
Et de conclure :
« Tant que l’eau ne coulera pas à Mbumba et Mabondo, la vie y restera lourde, injuste et précaire. Sans eau, il n’y a pas de dignité. »
Le gouverneur Mukendi avait annoncé le retour prochain de l’eau à Kele. Un premier essai technique de la passerelle, construite sur le pont Tshikapa pour acheminer l’eau, a été effectué le 11 juin dernier. La population, elle, attend des actes.
Par Adonis Mbuyi depuis Tshikapa