Le peuple congolais se trouve présentement dos au mur puisque durant des décennies, il s’est employé au processus de sa propre auto-destruction en multipliant des alliances saugrenues et irréfléchies, le plus souvent avec ceux-là mêmes qui travaillent jour et nuit à son anéantissement. Son désarmement stratégique a été précédé d’un désarmement culturel et idéologique.
À l’idéologie du grand Zaïre a succédé, au fil des ans, l’idéologie en vogue dans les médias, les réseaux sociaux et dans les églises, qui s’avère être l’idéologie du bruit, du tape-à-l’œil, de la jouissance et de la distraction massive, à telle enseigne que les responsables politiques de ce vaste pays vendent à vil prix les intérêts stratégiques du Congo pendant que la majorité des congolais refuse à son tour de regarder en face le système d’asservissement, d’abêtissements et d’expropriation progressive de ses terres mis en place dans ce pays. La même majorité refuse de passer au scalpel le véritable profil de ses mandataires locaux qui, au fond, sont chargés de perpétuer ce système dont ils sont en réalité des agents patentés et des negres de service.
C’est en tout cas l’impression qui se dégage de la photo ci-dessous quand on voit ces dirigeants quasi en posture d’adoration devant l’effigie de la communauté des États de l’Afrique de l’Est, cette organisation sous-régionale qui s’est révélée, trois ans plus tard, le goulot d’étranglement de la paix et de l’intégrité territoriale de la RDC.
On a beau aller aux urnes, on a beau chasser la force régionale en cette première quinzaine de décembre 2023 et nous allier par la suite à la SADEC, c’est bien là la preuve que le gouvernement congolais procède, fidèle à ses habitudes, à des tâtonnements stratégiques, à d’éternels essais et erreurs qui ne portent aucune solution sécuritaire tangible, on s’emploie à de simples saupoudrages et non à des solutions solides qui appellent un changement radical de la situation du peuple. Dans ce contextes précis, quelle que soit l’issue du scrutin, quoi qu’il en soit du départ imminent de l’EAC et de la Monusco, seul le décor va être modifié. Seuls les acteurs qui s’interchangeront. Les fondations du système restent, quant à elles, solidement implantées et la nuisance de ce système coriace toujours plus destructrice contre le bien-être du peuple congolais.
Ceci dit, ceux qui veulent l’avènement d’un Congo nouveau doivent se rendre à l’évidence que l’ennemi du Congo n’est nullement les régimes qui se succèdent les uns après les autres sous les maquillages des élections pièges à con. Car le véritable ennemi du Congo est un système qui s’emploie à”instrumentaliser” ces élections à son plan d’ensemble et à ramifier ses puissants tentacules à l’intérieur tout comme à l’extérieur de la RDC. Un tel système coriace ne se détruit qu’en mettant en place un autre système plus robuste capable de le démanteler. Contre une stratégie ennemie, un peuple épris de liberté et de souveraineté devra valoriser un partenariat des matières grises et livrer un combat intellectuel pour opposer une stratégie plus outillée sur le moyen et long terme.
Par Gédéon ATIBU