Ce mercredi 04 janvier 2023, la République Démocratique du Congo se souvient de ses citoyens et citoyennes, hommes et femmes morts le 04 janvier 1959, une date marquant le début des activités et troubles sociaux ayant conduit à l’indépendance du Congo obtenue le 30 juin 1960.
Tout a éclaté après que les autorités coloniales aient interdit aux membres du parti politique ABAKO de manifester le 04 janvier 1959. La répression était très violente. Le nombre exact de victimes n’est pas connu jusqu’à à ce jour, mais le bilan officiel donné par le gouvernement colonial fait état d’au moins 49 personnes mortes, alors que les leaders d’ABAKO ont parlé de plus de 100 personnes qui ont perdu la vie ce jour là.
L’histoire renseigne que les aspirations indépendantistes étaient dans l’air depuis quelques années et deux partis politiques voulaient gagner le soutien de la population à l’époque : l’Alliance des Bakongo (ABAKO) de Joseph Kasa-Vubu et le Mouvement National Congolais (MNC) de Patrice Emery Lumumba. Le 28 décembre 1958, Lumumba avait organisé un grand rassemblement du MNC à Kinshasa, lors duquel il avait fait un compte rendu de la Conférence des peuples africains qui s’était déroulée à Accra, capitale du Ghana plus tôt ce mois-là et à laquelle il a participé. Vu le succès de son rival, Kasa-Vubu décida à son tour d’organiser son propre rassemblement une semaine plus tard, soit le dimanche 04 janvier 1959.
Le Leader de l’ABAKO, Joseph Kasa-Vubu devait s’adresser à la foule sur le thème du nationalisme africain, mais lorsqu’il avait soumis une demande pour organiser son rassemblement au Young Men’s Christian Association (YMCA), les autorités belges l’avertissent que si l’évènement venait à se politiser, les dirigeants de l’ABAKO seraient tenus pour responsables. Interprétant cette mise en garde comme une interdiction, l’ABAKO tente le 3 janvier de reporter le rassemblement, mais le dimanche 04 janvier 1959, une foule épaisse s’était rassemblée tout de même devant le YMCA. Kasa-Vubu et d’autres responsables de l’ABAKO arrivèrent sur les lieux et essayaient en vain, de renvoyer les manifestants chez eux. Les violences ont donc commencé après le refus des manifestants de se disperser.
Les manifestants ont commencé à lancer des pierres sur la police et à s’attaquer à des automobilistes belges, puis les violences ont pris de l’ampleur, car le groupe initial des manifestants sera vite rejoint par près de 20 000 Congolais qui venaient d’un stade de foot environnant. Les émeutiers avaient cassé et pillé des magasins, brûlé des paroisses catholiques et passé à tabac des prêtres catholiques. D’où la répression de la police du gouvernement colonial qui a causé la mort de plusieurs congolais considérés comme les martyrs de l’indépendance. C’est même pour ça même le 04 janvier de chaque année, la RDC commémore la journée des martyrs de l’indépendance, une jour chômé et payé à travers tout le pays.
Le Congo Belge qui va obtenir son indépendance près d’un an et demi après les événements décrits ci-dessus, soit le 30 juin 1960, deviendra alors la République du Congo-Léopoldville.
Patrick Mangoma/Radio de la Femme