Colonelle et Commissaire Supérieure Principale, Esther Kalumbu Musuwa incarne l’autorité et l’intégrité au sein de la police nationale congolaise, dans la province du Haut-Katanga. Spécialiste de la protection de l’enfant et de la prévention des violences sexuelles, elle œuvre avec détermination depuis plus de 25 ans.
Elle a suivi plusieurs formations, notamment en droit économique et social, et a été affectée à divers postes, allant de la police économique à la police criminelle. « Mon bagage en droit me permet de bien travailler avec la police« , déclare-t-elle, mettant en avant l’importance de son éducation dans son rôle actuel.
À 57 ans, elle revient avec sincérité sur le chemin parcouru : «Normalement, je devais faire la magistrature civile… comme ça n’a pas été, je suis venue à la police. »
Juriste de formation, diplômée à l’Université de Lubumbashi (promotion 1997-1998), elle rejoint la police en 1999. Un choix qu’elle a assumé avec courage, armée de son bagage juridique et d’une solide formation policière, pour œuvrer dans des secteurs sensibles comme la police économique, la criminelle, puis la PCR pendant 10 ans.
« La police est un métier qui encadre aussi les intellectuels.»
Une ascension bâtie sur le mérite
Esther Kalumbu n’a pas gravi les échelons par hasard : chef de section, puis chef de bureau, elle passe par tous les grades jusqu’à atteindre celui de colonelle, qu’elle détient depuis plus de cinq ans. Une promotion méritée, fondée sur son travail rigoureux.
« C’est le mérite. C’est la méritocratie. C’est à travers le travail qu’on vous choisit. »
Aujourd’hui, elle n’est qu’à un pas du grade de général. Sa carrière est jalonnée de formations de haut niveau, y compris à l’international avec la MONUSCO. Elle a été confrontée à des défis complexes : crimes économiques, gestion de personnes, cas de violences sexuelles, ou encore coordination avec des structures communautaires et religieuses.
« Nous rencontrons des difficultés, parce que beaucoup des gens ne maîtrisent pas très bien les lois portant sur la protection de l’enfant et violence sexuelle.Ce sont des grands défis que nous rencontrons.»
Mais elle reste sereine. Pour elle, la discipline est la colonne vertébrale de la police.
« La police, c’est la discipline. Il y a des sanctions. On gère à travers nos textes. »
Une source d’inspiration pour les générations futures.
Mariée et mère de cinq enfants, la colonelle Musuwa concilie avec brio vie professionnelle et responsabilités familiales. Elle avoue que c’est une question d’organisation.
Femme de terrain, elle milite activement pour l’engagement féminin dans la police. Elle sensibilise les jeunes filles dans les écoles à embrasser cette carrière souvent stigmatisée.
« Les femmes qui viennent me voir s’expriment plus facilement. C’est pourquoi j’invite d’autres filles à intégrer la police. »
Engagée aussi dans la lutte contre les violences basées sur le genre, elle insiste sur l’importance des partenariats avec les églises pour renforcer la sensibilisation. Pour cette femme colonelle, la femme souffre en elle-même parce qu’elle ne connaît pas ses droits.
Elle rêve d’ouvrir un orphelinat pour encadrer les enfants vulnérables : « Mon projet, c’est de scolariser les enfants abandonnés, les enfants dits sorciers, les enfants de la rue… et les rendre utiles à la société. »
Esther Kalumbu Musuwa est une femme de loi, de cœur, et de foi en l’avenir. Elle impose le respect, par ses actes, sa rigueur et sa bienveillance. Un modèle de leadership féminin qui force l’admiration.
Ruth Kutemba/ Lubumbashi