L’Ituri est l’une des provinces les plus instables du pays. Ici, des milices locales y dictent la loi dans plusieurs entités. Parmi elles, la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) considérée d’ailleurs comme la plus cruelle du pays après les ADF; le Zaïre, le Chini ya kilima, le Chini ya tuna, etc. Malheureusement, ces groupes armés ont réussi à embarquer avec eux de nombreuses femmes et filles. Si les unes sont directement des combattantes engagées, d’autres sont des épouses des miliciens, par consentement ou par contrainte.
Sur place, dans l’Ituri, les autorités congolaises de connivence avec la mission onusienne ont lancé une vaste opération de sensibilisation à l’égard de tous les animateurs des groupes armés afin qu’ils déposent les armes. Cette campagne a produit certains fruits, car elle a permis à certains miliciens de se désengager. On note de nombreuses femmes qui ont également quitté la brousse pour rejoindre la vie civile.
Gardée sous anonymat, l’une d’entre elle, alors âgée de 32 ans, qui s’est rendue à la Monusco locale, a décrit les conditions que la vie en brousse leur a imposé, une vie de misère, une vie sans salaire, une vie où elles se livraient joyeusement à assassiner des innocents .
« Je suis ravie d’avoir quitté la brousse, puisque là-bas, on tuait des innocents. En plus, on n’est pas récompensé », affirme-t-elle, avant d’appeler d’autres miliciens, prioritairement les femmes à adhérer au programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (P-DDRC-s)
« Je demande à ceux qui y sont encore, de déposer les armes et de nous rejoindre ici pour participer aux efforts de paix. Nous avons tué plusieurs personnes mais cela n’a réglé aucun problème. Je suis contente de revenir à la vie civile pour m’occuper de mes enfants. Être milicienne n’est pas une vie. Là-bas en brousse, il n’y a que la souffrance et je ne peux jamais encourager mes enfants à s’engager dans une milice. Nous devons aller au champ pour faire l’agriculture et gagner honnêtement notre vie », conseille-t-elle.
Dans l’Ituri, tout comme dans d’autres provinces de l’est dont le Nord-Kivu, plusieurs femmes sont contraintes d’adhérer aux milices. D’autres encore en sont souvent victimes, souvent violées, violentées ou encore tuées.
Par Charles Mapinduzi