Rien qu’en ces semaines des mois d’octobre et de novembre 2023, le peuple congolais a assisté, médusé, à des rebondissements en rebondissements, à l’agitation qui règne au sein de la direction des églises de réveil.
Acte numéro 1
Le samedi 14 octobre 2023 a été levé la décision de déchoir Dodo Kamba par les membres fondateurs et personnalités du Mouvement charismatique de réveil qui constituent la majorité de membres effectifs de la plate-forme Eglise de Réveil du Congo (ERC).
Par la bouche d’Albert Kankienza, ces membres accusent Dodo Kamba de mauvaise gestion financière et détournement des ressources confessionnelles et ecclésiastiques, puis de révision frauduleuse des textes statutaires de l’ERC. Ils lui reprochent également d’utilisation abusive de la réputation confessionnelle, de clientélisme, de démagogie, de cupidité, d’égoïsme et d’exclusion comme mode gestion.
« Les divers fonds provenant des sources officielles et les dotations des partenaires à différentes circonstances sont utilisés comme des frais personnels », ont dit les membres fondateurs et personnalités du Mouvement charismatique de réveil dans leur correspondance du 26 septembre dernier adressée à Dodo Kamba.
L’accusant d’avoir fait emprisonner des collaborateurs du général Sony Kafuta, son prédécesseur à la tête de l’ERC, les pasteurs des églises de réveil en sont venus à la conclusion que « la gestion individualisée de l’ERC par Dodo Kamba constitue un danger et une maladie pour lesquels il faut apporter des remèdes urgents et efficaces » et que sa déchéance immédiate était la meilleure des solutions.
Acte numéro 2
Au moment où fut annoncée par beaucoup de médias kinois, la déchéance du représentant légal de l’ERC par les pères fondamenteurs et leaders de ce mouvement non autrement identifiés, un point de presse sera tenu le lundi 16 octobre 2023 par Dodo Kamba qui dit ne pas être au courant d’une « quelconque assemblée générale extraordinaire » qui l’aurait destitué de son poste de représentant des Églises du Réveil du Congo (ERC), poste qu’il occupe depuis septembre 2020 en remplace de l’évêque Sony Kafuta. Il parle de l’illégalité d’une telle décision qui n’a pas respecté les clauses du statut régissant la direction de l’ERC.
Il invoque l’article 004 dudit statut et d’après lequel seul le représentant légal de la confession religieuse ou encore le représentant de cette asbl ont pouvoir de convoquer l’assemblée générale de l’ERC.
En conclusion, Dodo Kamba refuse de céder son fauteuil du président et représentant légal de l’Eglise de réveil du Congo (ERC), après sa destitution intervenue le samedi 14 octobre dernier, par les membres fondateurs et personnalités de cette confession religieuse.
Acte numéro 3
Le pasteur Albert Kankienza qui avait prévu investir sur l’esplanade du Palais du Peuple, le nouveau président de l’ERC en la personne du pasteur Paul-David Olangi ( en remplacement de Dodo Kamba) se butera face à un refus catégorique du président Christophe Mboso sur qui il proférera publiquement des malédictions et imprecations.
Le jeudi 2 novembre 2023, au cours d’un culte organisé dans son église, le pasteur Dodo Kamba qui se considère toujours président et Représentant légal de l’Eglise de Réveil du Congo (ERC), rejette les malédictions proférées sur Mboso.
«J’ai entendu qu’un pasteur à déclarer les paroles des malédictions sur le président de l’Assemblée Nationale, le Dieu que nous servons est plus fort que les hommes, nous devons nous lever pour prier en faveur de Christophe Mboso Nkodia Mpwanga » répétait-il à ses ouailles.
Acte numéro 4
Avant samedi 11 novembre 2023, l’on voit tous les pasteurs de l’ERC (le camp de Kankienza et celui de Dodo) fumer le calumet de la paix autour du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi, dans la grande salle de réunion du Palais de la Nation.
À l’issue de cette rencontre, c’est Dodo Kamba qui prendra la parole au nom de tous et, par voie de conséquence, se voit confirmé dans ses fonctions de président de l’ERC sans au préalable aucun débat intérieur sérieux pour pouvoir laver le linge sale en famille.
Deux conclusions à tirer…
Albert Kankienza a eu une lecture biaisée de la crise en présence au sein de l’ERC. Il a eu tort de sous-estimer le poids politique de Dodo Kamba qui a déclaré tout récemment de sa propre bouche : « Nos relations avec Félix Tshisekedi ont commencé avant qu’il ne devienne chef de l’État et avant même que je devienne le représentant légal de l’ERC. Je n’ai pas besoin de l’ERC pour que je sollicite une audience auprès du chef de l’État. En tant que serviteur de Dieu, je serais reçu en tant que tel ».
En maudissant le président Mboso, il ignorait complètement que ce dernier est un des maillons forts de la chaîne du pouvoir Tshisekedi et que Dodo-Mboso-Tshisekedi forme un tandem très soudé. Ce faisant, Kankienza a creusé sa propre tombe au propre comme au figuré, comme l’avait déjà expérimenté amèrement Sony Kafuta. Les prochains mois nous diront de quoi sera faite sa vie.
À travers la défenestration humiliante et violente du pasteur Sony Kafuta, l’alors président de l’ERC, se profilait déjà la planification d’une nouvelle stratégie politique du pouvoir de Félix Tshisekedi consistant à vouloir noyauter les églises de réveil par un allié fidèle et proche en vue d’un double objectif : primo neutraliser les églises catholique et protestante dans l’opération de l’élection du Bureau de la CENI et secundo mobiliser, via les espèces sonnantes et trébuchantes, les fidèles des églises de réveil à voter massivement pour le candidat de l’union sacrée.
La rencontre de samedi 2 novembre dernier est l’amorce de cette seconde étape où les églises de réveil, moyennant des récompenses en centaines de milliers de dollars, seront mises en ordre de bataille électorale. Effectivement tous les chefs des églises de réveil présents à cette rencontre du Palais de la Nation ont unanimement réaffirmé leur soutien non point à l’avènement d’un Congo nouveau mais plutôt à un individu qui est l’actuel chef de l’Etat.
Pour tout dire, dans les prochains jours qui marqueront la campagne électorale, le schéma du prophète biblique Amos qui, lui, fustigeait les crimes des dirigeants de son temps sur les populations exploitées et désabusées ne sera point d’actualité de la part de ces religieux, alliés fidèles du pouvoir. Il ne faudra point s’attendre à ce que ces pasteurs fustigent le régime de corruption, dénoncent les injustices sociales et tancent ces juges congolais qui, au contraire de dire le droit, font l’apologie de ceux pillent les pauvres. Il ne faudra pas s’attendre à les voir blâmer les candidats présidents pour les remettre sur les voies de la justice et de l’équité sociales. Ils seront mus par des objectifs tout autres que ceux de la promotion du bien-être du petit peuple étranglé par une crise systémique impitoyable.
Par la Rédaction