Au cœur du marché du Peuple, dans la commune de Kampemba à Lubumbashi, les pas de la foule se mêlent aux cris des vendeurs. Mais parmi eux, une silhouette se distingue, déterminée, souriante : celle de Maman Carmel Mankand Mwambuyi, vendeuse de friperies depuis plus de dix ans.
Ruth Kutemba, correspondante de la Radio de la femme l’a rencontré en plein exercice de ses activités.
Originaire de la région, Maman Carmel est titulaire d’un diplôme d’État en pédagogie obtenu à l’Institut Saint Joseph Bakita en 2010. Par la suite, elle s’est formée en informatique, prête à suivre une voie académique ou professionnelle classique. Mais la vie, avec son lot de réalités, l’a conduite sur un tout autre chemin : celui du commerce.
« Malgré mes études en pédagogie, j’ai trouvé nécessaire de me lancer dans les affaires », confie-t-elle. « En 2012, j’ai commencé à vendre des friperies… et ce travail paie. En 2014, j’avais déjà acheté un véhicule, et en 2018, j’ai construit ma maison. »
Les défis, les rêves et les leçons d’une battante
« Ce métier, c’est une loterie… mais quand tu gagnes, tu changes ta vie. » Carmel parle avec franchise. Derrière son comptoir de friperies au marché du Peuple, elle connaît les hauts et les bas de son commerce.
« La vraie difficulté, c’est quand tu ouvres un colis et que les habits ne sont pas de bonne qualité. Là, tu perds. Ce n’est pas facile de récupérer l’argent. Mais quand tu tombes sur de belles pièces, là tu récupères, tu avances… Tu paies l’école des enfants, même ceux qui sont à l’université. Tu paies le loyer, tu fais vivre ta maison. », explique cette femme commerçante.
C’est ce fragile équilibre entre perte et profit qui forge sa résilience. Elle avance avec foi et détermination, car au-delà des jours difficiles, elle rêve grand.
« Que Dieu m’aide… Un jour, je veux ouvrir une vraie boutique. Un grand espace où je pourrai exposer mes plus belles robes, sur des mannequins, comme dans les grandes villes. Je veux montrer la qualité de mes marchandises. Et un jour, si Dieu le permet, aller moi-même à Dubaï, en Chine, chercher mes colis. », dit-elle.
Mais pour y arriver, Carmel ne mise pas que sur la prière. Elle a une stratégie bien à elle, bâtie sur l’expérience.
« La clé, c’est le respect du client. Il faut être accueillante, patiente, même quand certains sont compliqués. Je prends les contacts des gens, et avant d’ouvrir un nouveau colis, je les appelle. J’ai appris à fidéliser, à anticiper. »
Elle donne un conseil aux femmes. Elle estime qu’il faut que toutes les mamans se lancent dans l’entrepreneuriat. Car selon elle, ce n’est pas seulement une question d’argent, mais de dignité, de liberté et d’avenir pour les enfants.
« À toutes les mamans qui attendent tout de leur mari : réveillez-vous. Dans certaines situations, l’homme peut rentrer tard. Et toi, tu vas faire attendre les enfants pour 500 francs de sel ? Même demander aux voisins devient une honte. Ce n’est plus le temps de dépendre. Il faut se lever, se battre. Demandez à votre mari de vous aider avec un petit capital. Commencez petit : vendez des choses devant la maison, faites quelque chose.», a-t-elle poursuivi.
Ruth Kutemba/ Lubumbashi