Elle a une histoire inédite et particulièrement émouvante. Hortense Maliro, la quarantaine, tient à oser où nombreuses femmes sont restées hésitantes depuis 1960 : l’originaire du Nord-Kivu aspire à devenir la première femme présidente de l’histoire de la République démocratique du Congo. Au propre comme au figuré, ces ambitions témoignent tout sur son caractère ainsi que ses intentions d’être au dessus de la mêlée. Son credo, « la peur n’arrêtera pas la femme que je suis », en dit long sur la candidate exceptionnelle qui tient à ce que Félix Tshisekedi lui passe le témoin en janvier 2024. Peut-être est-ce même pour cela qu’elle ferait une grande présidente.
La voix des sans-voix
Depuis 2002, l’idée jaillit dans l’esprit de la jeune fille qui n’a que 22 ans. L’éruption volcanique du Nyirangongo à ce temps-là est le catalyseur qui aura montré la voie à Hortense Maliro. Handicapée, béquilles à la main, son état physique ne l’a pourtant pas dissuadée. Bien au contraire. Elle s’est servie de cette infirmité pour se mettre dans la peau des vulnérables de sa contrée et a résolu de porter pour eux le lourd fardeau d’une vie de désespoir.
« J’ai toujours milité pour défendre la paix, l’inclusion et les droits des personnes handicapées », confesse la fondatrice de l’AISHP et promotrice de We are the World School, une école abritant des enfants victimes des affres de guerre dans le Nord-Kivu et qui se veut digne d’excellence en ville de Beni, au Nord-Kivu.
Hortense Maliro est une philanthrope hors pair. Ses nombreuses oeuvres parlent à travers plusieurs actions liées aux résolutions des conflits et rétablissements de la paix dans la Région des Grands Lacs. Généralement, elle est au devant de la scène quand il faut défendre les droits des femmes et des vulnérables. Il y a 2 ans, la native de Goma s’est personnellement impliquée en fond après l’éruption volcanique du Nyirangongo en mai 2021 pour secourir les démunis en gérant à elle seule camps des sinistres, celui de Mululu et Trambeco, notamment.
Pour tout dire, depuis des années, Hortense Maliro milite pour les sans-voix, les oubliés, les porteurs de handicaps, les malvoyants, les atteints de surdité, les mutilés, les albinos, les discriminés, etc.
Une candidate redoutable
Hortense Maliro prépare méticuleusement son plan pour faire mal aux ambitieux lors de la présidentielle de décembre prochain. Droite dans ses bottes, la native de Goma promet d’être une épine sous les pieds d’autres candidats. Son amour et son combat pour un Congo nouveau, pays où même le dernier des Congolais aura sa place, sont ces valeurs qui la soutiennent dans sa démarche d’aspirer à la plus haute responsabilité du pays. Si certains prétentieux arrivent de nulle part, la fondatrice de l’AISHP en a fait du chemin en posant des jalons solides depuis de nombreuses années. Les femmes, les enfants et tous les vulnérables, en premier, pourraient très vite se reconnaître en elle. Et même tous les Congolais pétris par la volonté de voir le géant endormi se réveiller enfin de son profond sommeil, plus de 60 ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale.
« Il m’est difficile de rester les bras croisés quand le Congo s’enfonce. J’ai pensé que l’heure est venue pour moi d’agir. Parce que je ne peux pas supporter, même si l’on vient d’une famille sans nom et sans moyens, de voir mon pays continuer de tomber dans un trou noir (…). En tout cas, les candidats vont trouver sur leur chemin une adversaire coriace. Ils n’auront pas une femme facile », confesse-t-elle.
Changer le cours de l’histoire
L’ambitieuse à la présidence de la République veut prendre rendez-vous avec l’histoire. Hortense est hantée par le sentiment que la République démocratique du Congo ne devrait pas éternellement demeurer la risée du monde, continuellement coincé dans le paradoxe d’une nation exagérément riche, un scandale géologique mais avec une population inimaginablement l’une des plus pauvres de la planète. C’est donc par une thérapie de choc que la philanthrope espère changer le cours de l’histoire en tirant le Congo de son ghetto et en faisant de la RDC une puissance économique au coeur de l’Afrique.
Qu’est-ce à dire et comment compte-t-elle s’y prendre pour redorer l’image de la République démocratique du Congo? L’ambitieuse Hortense Maliro envisage d’appuyer sur certains leviers qui sont un leitmotiv sine qua non pour un changement radical : promouvoir la paix et la justice, combattre la corruption sous toutes ses formes : « C’est par l’administration que je dois commencer. Elle est la locomotive. La corruption est monnaie courante. Même la séparation des pouvoirs ne fonctionne pas chez nous. Le Congo est un scandale géologique tant son sous-sol est riche et sa population est l’une des plus pauvres du monde. S’il faut s’attaquer à l’administration, on s’y attaquera. Il faut nourrir tout le monde et ramener la paix. Ce sont mes priorités absolues. J’ai la volonté et j’ai les compétences. Je suis licenciée en économie et j’ai du background. Oui, je suis ambitieuse, ambitieuse pour mon pays »
Pour tout dire, d’abord, la prétendante à la présidence de la République envisage de faire de l’innovation de l‘administration congolaise une priorité car, dit-elle, l’administration est la locomotive pour le relèvement d‘une nation. Ensuite, Hortense Maliro compte se plier sur la bonne gouvernance pour changer la donne. Avec une gestion saine, responsable, claire, transparente et citoyenne, l’économiste de formation espère faire de la RDC une nation forte où il fait beau vivre pour tout le peuple congolais, un miroir pour le monde entier et un modèle digne d’une nation.
Du côté justice et paix, elle préconise de renforcer l‘Etat de droit, de lutter contre l’impunité, la corruption et toutes formes d’anti-valeurs pouvant compromettre la dignité de l’Etat. Également, promouvoir le dialogue national, encourager l’unité nationale et faire du développement une réalité. Une fois présidente de la République, l’ambitieuse pense à garantir l’unité nationale, redorer l’image du pays où tous les citoyens vont vivre paisiblement et pleinement dans le respect des droits humains.
Par ailleurs, Hortense Maliro envisage de faire la promotion d’une société inclusive et de travailler sur l’égalité : lutte contre la discrimination sous toutes ses formes, l’accès égal aux opportunités, faire de la masculinité positive une réalité, promouvoir une société juste et équitable où les personnes handicapées et autres groupes vulnérables ont la place, une société épanouie où tout le peuple sans exception contribue au développement intégral de la nation congolaise
Dans un autre chapitre, elle compte promouvoir l’agriculture durable en adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement, en diversifiant les cultures et en soutenant les petits agriculteurs avec comme objectifs principaux d’assurer la sécurité alimentaire, la préservation de l’environnement et le développement rural grâce à la mise en place d’investissements, de formations et d’infrastructures nécessaires.
Enfin, la future candidate réfléchit sur la promotion d’une éducation inclusive et de qualité en faisant de l’éducation une priorité, la clé pour le développement, une vraie institution par excellence qui permet de réaliser l’idéal d’égalité des chances en offrant à tout le peuple congolais une possible ascension sociale.
Femme battante et déterminée
La candidate déclarée est prête à tout pour toucher au but. Elle croit dur comme fer que l’avantage est de son côté. Depuis le jeune âge, elle n’a reculé devant des obstacles. Déjà, elle a vécu et vit encore les affres de la guerre dans l’est du pays, particulièrement au Nord-Kivu d’où elle est originaire. Mais, elle ne compte pas lâcher-prise
« J’ai grandi dans la peur. A Goma, on te tue même dans la journée. Tu te réveilles le matin, tu remercies Dieu d’être en vie. Les gens se taisent parce qu’ils ont peur d’être égorgés. Il faut arriver à dire non. La peur, ce n’est pas ce qui va m’arrêter. On ne peut plus fuir malgré la terreur qu’on fait subir. On ne peut pas continuer d’hypothéquer l’avenir de nos enfants et des enfants de nos enfants », réagit-il alors que sa région est minée par des groupes armés dont le M23, les ADF ainsi que des milices locales.
La candidate déclarée est prête à tout pour toucher au but. Elle croit dur comme fer que l’avantage est de son côté. Depuis le jeune âge, elle n’a reculé face à aucun obstacle. Déjà, elle a vécu et vit encore affres de la guerre dans l’est du pays, particulièrement au Nord-Kivu d’où elle est originaire. Mais, elle ne compte pas lâcher-prise
« J’ai grandi dans la peur. A Goma, on te tue même dans la journée. Tu te réveilles le matin, tu remercie Dieu d’être en vie. Les gens se taisent parce qu’ils ont peur d’être égorgés. Il faut arriver à dire non. La peur, ce n’est pas ce qui va m’arrêter. On ne peut plus fuir malgré la terreur qu’on fait subir. On ne peut pas continuer d’hypothéquer l’avenir de nos enfants et des enfants de nos enfants », réagit-il alors que sa région est minée par des groupes armés dont le M23, les ADF ainsi que des milices locales.
Forte de ce sentiment d’une militante très engagée, Hortense Maliro compte s’engager dans la course avec toute sérénité. Malgré les embûches, contre vents et marées et, en dépit de la remise en cause du processus électoral en cours au pays, elle n’est pas défaitiste.
« On voit déjà que ça commence à clocher et qu’il y a partout des irrégularités. Jusqu’à la validation des élus, il y aura des tricheries. Je n’ai pas le choix, je dois marcher dans le processus en place. Avec de bons partenaires et une bonne campagne, si je parviens à expliquer ma vision, j’ai 82% de chance d’être élue, dit-elle, confiante et rassurée.
Par Charles Mapinduzi