Le monde féminin évoluant et œuvrant en République Démocratique du Congo avait ses yeux tournés aussi bien vers le Président de la République, le Parlement que vers le Conseil Supérieur de la Magistrature pour respecter ou faire respecter l’article 14 de la Constitution qui stipule ce qui suit :
« Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits. Ils prennent, dans tous les domaines, notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation. Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’État garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe les modalités d’application de ces droits”.
Il en est de même avec la nomination de trois Juges de la plus haute instance juridictionnelle en République Démocratique du Congo, la Cour Constitutionnelle, aucune femme n’a été nommée. Alphonsine Kalume Asengo Cheus, unique femme juge à la Cour Constitutionnelle à ce jour, devra se contenter de travailler seule, à ce niveau, aux côtés de huit hommes qui ne font que se relayer sans que personne ne pense à l’article 14 de la Constitution, évoqué ci-haut.
Méfiance ou incompétence ?
Le mouvement féminin congolais qui n’a pas encore digéré la nomination des membres du Gouvernement Provincial de la Province de Lualaba où une fois de plus, aucune femme n’a eu la chance de servir le pays au niveau du Gouvernement Provincial, ne s’explique pas comment toutes ces nominations peuvent-elles se faire sans que soit respecté l’article 14 de la Constitution. Et de se demander : pourquoi se méfie-t-on tant des femmes ? Serait-il un problème de méfiance à l’égard des femmes ou l’on pense qu’il n’y a aucune autre femme qui pourrait rejoindre Madame Alphonsine Kalume Asonga Cheus à ce niveau de responsabilité ?
En outre, le Mouvement Féminin du Congo qui n’a pas encore digéré le fait que ça soit encore une fois une seule femme qui siège au Conseil d’Administration de la Foire Internationale de Kinshasa (FIKIN), après les nominations faites récemment par le Ministre du Commerce Extérieur, Jean-Lucien Busa, se convainc de plus en plus qu’il va falloir désormais user des voies judiciaires pour réclamer la nomination des femmes à des postes de responsabilité en tenant obligatoirement compte de l’article 14 qui n’est pas un décor planté dans la constitution de la RDC, ou l’on pense que dans ce pays il n’y a pas des femmes capables d’assumer les responsabilités au niveau de la Cour Constitutionnelle ?
Respect et application de l’article 14 de la Constitution
Le Mouvement Féminin Congolais rappelle que l’article 14 de la Constitution est le fondement de la parité en RDC et qu’il n’a pas été intégré dans ce texte fondamental comme une fleur de décoration. Il s’agit là, rappelle-t-on de la volonté du peuple congolais qui voudrait voir les femmes congolaises représentées de manière paritaire dans toutes les institutions de la République et ceci ne peut passer que par les nominations ou par la voie des élections. Si donc personne ne tient compte de cette disposition constitutionnelle pour faire droit aux femmes, il va devoir être nécessaire que les femmes qui se sont déjà battues pour faire intégrer l’article 14 dans la Constitution se lèvent et se battent encore pour son application.
Vers des procès pour violation régulière et continue de l’article 14 de la Constitution
À ce stade, le Mouvement Féminin Congolais commence à penser que dans les jours à venir, pour faire respecter la Constitution congolaise auprès de toutes les autorités qui ont le pouvoir de nomination, il va falloir attaquer en justice toutes les nominations qui se feraient au mépris des prescrits de l’article 14. Faisant ainsi, on pourrait, pense-t-on, atteindre le résultat 50 – 50 qui est un des Objectifs du Développement Durable (ODD).
En attendant, il est clair qu’en République Démocratique du Congo, la parité homme femme est encore loin de connaître des beaux jours, elle est donc aux calendes grecques.
Nous y reviendrons.
Radio de la Femme