Sur terrain depuis 2018, la Coordinatrice de la Fondation « Naza Shegue » a de quoi s’armer pour tenir longtemps dans un domaine où la réussite n’est pas actée d’avance et difficile à voir l’autre bout du tunnel en aussi peu de temps.
La perception de ce problème sociétal, sa motivation et sa riche expérience font de la Coordinatrice « Naza Shegue », l’acteur majeur de la suppression des enfants de la rue à Kinshasa.
Au cours d’une interview accordée à la radio de la femme, Mme Anita Muadi Matt se sent comme investie de cette noble et lourde mission de changer le statut de ces enfants appelés communément « Shegue » par les kinois.
« Ça me rappelle l’expression «éduquer une femme, c’est éduquer une nation». Certaines choses dans un pays ne peuvent bouger que si les femmes s’impliquent. Pas très loin de chez nous, au Liberia, nous avons vu ce que les femmes sont en mesure d’accomplir si elles se décident et se mettent ensemble. C’est vrai que nous ne sommes pas encore une grande coalition de femmes à se lever contre ce fléau, mais cela ne saurait tarder. Si je peux être la première à hausser le ton, c’est déjà un début et une bonne chose et les autres vont nous rejoindre. Comme nous disons à Naza Shegue : «Ensemble nous sommes forts et capables», a déclaré Anita Muadi Matt, Coordinatrice de ladite Fondation.
En effet, jeune comme sa Fondation, Anita Muadi Matt serait loin d’être limitée par le fait d’être femme. Au contraire, être une femme lui donne un certain déclic psychologique dont les retombées sont positives sur terrain étant donné que la connexion passe très bien dans la plupart des cas.
« Être une femme n’est pas un handicap. Je ne vois pas pourquoi je me sentirai limitée. Je suis, par contre, très motivée. Plusieurs femmes se démarquent déjà dans plusieurs domaines de la vie dans notre pays et dans le monde entier. Dans ce domaine des enfants par exemple, être une femme est un avantage parce que je peux compter sur mon instinct de mère », a-t-elle indiqué.
En effet, tout marche comme sur des roulettes à partir du moment où Mme Anita Muadi ne se fixe pas des limites par rapport à ce qu’elle voit tous les jours dans son environnement immédiat.
« Ce n’est ni facile ni difficile. Il faut juste être déterminée et savoir tenir bon parce que tout n’est pas rose. Si vous vous dites que c’est possible d’accomplir quelque chose et de faire bouger les lignes, alors vous y arriverez. Mais si vous doutez dès le départ vous n’irez nulle part. Evidemment, je suis de la première école », a-t-elle lâché sur un léger sourire qui donne vie et espoir.
Et d’ajouter :
« L’idéal de la fondation Naza Shegue est qu’il n’y ait plus aucun enfant dans les rues de Kinshasa mais aussi de toutes les autres villes du pays… »
Par ailleurs, Anita Muadi note un plus grand nombre de jeunes filles dans les rues que de garçons. Néanmoins, dit-elle, travailler sur une documentation holistique des données en ce qui concerne Kinshasa, capitale et miroir de la République démocratique.
« Sur terrain les garçons sont beaucoup plus visibles parce qu’ils déambulent un peu partout…Mais, je dirai qu’il y a autant de filles que de garçons. Nous comptons justement bientôt faire des monitorings et fournir une documentation sur cette situation, ainsi nous aurons des données concrètes. Pour y arriver, nous avons évidemment besoin des partenaires », a-t-elle conclu.
Anita Muadi Matt et sa Fondation « Naza Shegue » essayent d’entrevoir l’avenir autrement en ce qui concerne la suppression des enfants de la rue tout en gardant la ferme espérance d’y parvenir malgré les difficultés auxquelles elles sont confrontées. A cet effet, elle appelle les autorités compétentes à ne pas faire mine d’ignorer ce problème et surtout à mettre en place une véritable politique de gestion et de suivi des cas des enfants de la rue.
Oeuvrer pour la suppression des enfants de la rue à Kinshasa et leur réintégration au sein de la société n’est souvent pas assez simple. Ceci exige l’amour, la sollicitude, un certain degré de dévouement et au-delà de tout la vocation, car la mission à exercer sur terrain paraît non moins délicate pour les acteurs.