Malonga Kaj Fanny, née à Kolwezi, le 13 avril 1979. Fille du pasteur Joseph Malonga wa Malonga d’heureuse mémoire et de maman Jacquie Lubombe Kasongo. Aînée d’une fratrie de deux enfants, mariée au docteur Ngongo Ghyslain et mère de cinq enfants.
Professeur Fanny Malonga Kaj est la première femme à s’être spécialisée en gynécologie obstétrique à l’université de Lubumbashi en 2013 et devenue professeur docteur en 2018. Jusqu’à présent, elle demeure l’unique femme dans ce domaine à l’UNILU où elle est vice-présidente des gynécologues-obstétriciens dans la région Sud qui comprend le Grand Katanga et les deux Kasaï.
Cette semaine, notre rédaction est allée à la rencontre de cette femme qui a su s’imposer dans un environnement masculin et qui demeure une référence dans la gynécologie obstétrique dans l’espace Grand Katanga.
Malonga Kaj Fanny, Parlez-nous de vos études
J’ai effectué mes études maternelles, primaires et secondaires à l’Institut Ukweli (école Gécamines) dans la ville de Kolwezi, province du Lualaba. J’ai obtenu mon diplôme d’État en 1998 en biologie-chimie. Aussitôt, j’ai commencé mes études en médecine à l’extension de Kolwezi où j’ai étudié la première année; ensuite, je suis allée poursuivre mes études à l’Université de Lubumbashi (UNILU). J’ai eu mon diplôme de médecine en décembre 2005.
En 2006, j’ai été prise par l’un de nos encadreurs pour travailler à la polyclinique ‘’la grâce’’ au mois de janvier et vers février, j’ai commencé également à MLK avec le professeur OTS d’heureuse mémoire (regret) ; vers mai, je suis nommée assistante à la faculté de médecines et affectée à l’hôpital Sendwe au département de gynécologie obstétrique où j’ai exercé de 2006 à 2010, pour être ensuite transférée aux cliniques universitaires. En 2013, je défends mon mémoire de spécialisation pour être la première femme en gynécologie obstétrique de l’Université de Lubumbashi sous l’encadrement d’un père exceptionnel, le Professeur Prosper KAKUDJI. Et en 2015, je suis nommée Chef de Travaux ; dès lors, je me suis consacrée à la rédaction de ma thèse d’agrégation avec le Professeur KAKOMA comme promoteur et mon maître d’école, le Professeur KAKUDJI comme co-promoteur.
En 2018, j’ai été diplômée agrégée de l’enseignement supérieur en médecine option obstétrique fondamentale et je suis donc devenue la première femme Congolaise Professeure en gynécologie obstétrique de l’UNILU, et la deuxième pour la RDC après mon aînée Professeure Berth Zinga de l’UNIKIN (rire). J’ai aussi un diplôme de formateur en soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONU). Le diplôme a été décerné par la Société canadienne de gynécologues-obstétriciens.
Quelles sont vos différentes casquettes ?
Pour le moment, je suis médecin directeur à l’Hôpital général de référence de Mwangeji, hôpital qui revêt un peu la casquette de l’hôpital provincial du Lualaba. Et j’y suis depuis décembre 2021. Je suis la vice-présidente des gynécologues obstétriciens dans la région Sud qui comprend le Grand Katanga et les deux Kasaï. Je suis également fondatrice de la Fondation Pasteur Joseph Malonga qui s’occupe des veuves et de la scolarisation des orphelins.
L’idée était de rendre hommage à mon père qui, de son vivant, agissait de la sorte envers les fidèles de son église et les habitants de son quartier.
J’ai voulu pérenniser son œuvre en créant une fondation qui porte son nom.
Quel est le plus grand défi que vous avez pu relever dans votre carrière ?
(Sourire) Le défi que j’ai eu à relever, c’était de démontrer aux hommes que la femme par son leadership pouvait aussi être une bonne gestionnaire. Beaucoup ne me voyaient pas faire deux mois à la tête de l’hôpital. Voilà Ruth, c’était mon plus grand défi, m’imposer dans cet univers masculin, ça n’a pas été facile, beaucoup de coups bas, de déceptions, de tromperies, ils ont utilisé tous les moyens possibles, mais Dieu a permis que nous ayons la victoire sur nos détracteurs et nous témoigneront toujours de ses bienfaits dans notre vie.
Parlez-nous de quelques regrets
Mon plus grand regret, c’est d’avoir découvert en participant à la formation que les adultes peuvent aussi mentir. Ruth, je suis issue d’une famille pieuse où dire la vérité est une vertu. J’ai vu comment des personnes de loin plus âgées que moi pouvaient se mettre ensemble, monter des accusations et vous faire un procès.
Si tout était à refaire, resterez-vous la même personne ?
Je suis fière de mon profil, du moment qu’il peut servir de modèle à d’autres dans la gestion du bien public et l’amélioration de la prise en charge des malades en général et de la femme en particulier. Je peux même être citée parmi les modèles dans mon domaine (rire).
Si tout était à refaire, je resterai la même personne, je garderai le même profil, je naîtrai des mêmes parents, j’épouserai le même mari et j’aurai les mêmes enfants. Ma vie me convient parfaitement et chaque jour, je rends gloire à Dieu pour cette grâce m’accorder.
Aimeriez-vous un jour migrer vers la politique ?
Pour le moment, je n’y pense pas trop, je me sens épanouie dans mon domaine, je m’occupe des malades, des démunis et c’est ce qui importe. Si un jour, il plaît à Dieu de me voir être nommée un poste politique, j’y apporterai un plus par sa grâce. Pour l’instant, je préfère rester au chevet des malades, vivre avec mes malades.
Avez-vous un message particulier à adresser aux femmes ?
Évidemment, je m’adresse aux femmes qui préfèrent dépendre des hommes, la société a évolué autrement et nous ne pouvons plus continuer à dépendre de nos maris. Nous devons veiller à leurs santés cardio-vasculaires. Le stress est grand, le rythme de travail incroyable et pour quel salaire ? Ce n’est pas comme dans le temps avec nos papas ! Nous devons nous souder les coudes, nous allons vers une société qui va nécessiter encore beaucoup plus d’efforts pour un rendement pas toujours équitable… Ainsi dit, nous avons besoin d’aider nos maris tout en restant à notre place dans nos foyers (soumises et attentives).
Malonga Kaj Fanny est fondatrice de la fondation Pasteur Joseph Malonga spécialisée dans les œuvres caritatives. Une dénomination dont le but est de rendre hommage à son père qui avait coutume de venir en aide aux démunis de son vivant.
Elle est également la première femme médecin directeur à l’hôpital général de référence de Mwangeji depuis 2021 dans la province du Lualaba, une inspiration et un modèle pour plusieurs.
Par la Rédaction