En République Démocratique du Congo, la bataille pour atteindre la parité homme – femme est encore loin d’atteindre sa fin. En effet, en l’espace d’une journée, deux autorités gouvernementales dont l’une au niveau national et l’autre au niveau provincial en ont donné la preuve par les actes de nomination qu’elles ont pris.
À Kinshasa comme à Kolwezi, le Ministre national du Commerce Extérieur, Jean-Lucien Busa et Fifi Masuka, Gouverneur intérimaire de la Province du Lualaba, semblent soit n’avoir jamais pris connaissance de l’article 14 de la Constitution (alinéas 4 et 5), soit n’avoir pas entendu parler du combat que mène le mouvement féminin congolais, appuyé par les hommes, pour le respect de cette disposition constitutionnelle qui stipule :
“Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits.
Ils prennent, dans tous les domaines, notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation.
Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée.
La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales.
L’État garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions.
La loi fixe les modalités d’application de ces droits.”
En effet, par son Arrêté Ministériel numéro 020 du 27 mai 2022 portant nomination des membres du Conseil d’Administration et de la Direction Générale de la Foire Internationale de Kinshasa (FIKIN), le Ministre du Commerce Extérieur, Jean-Lucien Busa Tongba, a nommé six personnalités pour gérer cet Établissement public et ce, en remplacement du Conseil sortant, accusé entre autre “d’incompétence notoire”.
De la lecture de cet Arrêté, force est de constater que sur les six personnalités désignées, une seule femme fait partie de l’équipe. La question que tout le monde se pose est de savoir si ce sont les femmes qui manquent à la FIKIN, au Ministère de Tutelle ou dans le monde féminin ou c’est un mépris au combat que mènent les femmes appuyées par l’article 14 de la Constitution (alinéas 4 et 5).
Quand on pénètre l’Arrêté du Ministre du Commerce Extérieur, la déception se double. En effet, malgré le fait que l’Arrêté du Ministre du Commerce Extérieur ne respecte pas la parité homme-femme comme le veulent la Constitution, le Président de la République Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi et son Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, la femme désignée n’occupe que le poste d’Administrateur.
Dans ces conditions, si les autorités nationales et provinciales ne tiennent pas compte ni de la Constitution, des orientations du Chef de l’État encore moins des engagements pris par le Premier Ministre à travers son Programme d’actions 2021 – 2023 où l’Action 318 dispose : “Concrétiser le principe de la représentation équitable de la femme dans les institutions nationales et provinciales. S’assurer du respect du quota légal de 30% des femmes dans les institutions”, comment allons-nous y parvenir ?, se demande Me Micka Kalonga, Secrétaire Général de l’ONG Génération Femme.
Qu’il s’agisse des nominations effectuées au niveau du nouveau Gouvernement Provincial de Lualaba comme la désignation des membres du Conseil d’Administration de la FIKIN par le Ministre du Commerce Extérieur, Jean-Lucien Busa Tongba, l’on se rend compte que la lutte pour l’avènement de la parité homme-femme prônée par la Constitution, le Président de la République et le Premier Ministre, n’est que le cadet de soucis de plusieurs dirigeants congolais.
Radio de la Femme