L’intelligentsia congolaise est réunie à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga pour tabler sur les facteurs à la base de l’échec de la décentralisation en République démocratique du Congo. Alors que le processus de voir les provinces ainsi que d’autres entités décentralisées recevoir un véritable coup de fouet vers le développement a été lancé depuis de nombreuses années maintenant, les chose piétinent encore et toujours.
Chercheur et praticien de la décentralisation depuis une dizaine d’années, Julien Paluku qui est au sein de la territoriale depuis la fin des années 1990 a évoqué des contraintes qui freinent le développement des provinces et par ricochet, de toute la RDC à partir de la base. Particulièrement, un élément marquant.
Tout comme l’avait déploré Joseph Kabila en son temps, le ministre congolais de l’industrie a noté que les dirigeants manquent souvent de bonnes personnes animées par l’esprit de voir les choses changer. Ceci pousse les chefs à être écartelés entre l’idée de bien faire et celle de servir les intérêts partisans : les chefs sont mal entourés, a déploré l’ancien gouverneur.
« Je peux vous dire que les chefs sont mal entourés. Ils le sont tout simplement parce que dans leurs limites, ce sont plus les opportunistes qui sont les premiers. Un opportuniste peut passer toute une journée devant la porte du chef alors qu’un Professeur, par exemple, peut se limiter à saluer et partir », mentionne-t-il.
Dans cet ordre d’idées, Julien Paluku regrette que dans la plupart du temps, les dirigeants sont régulièrement confrontés à la difficulté de différencier les chantres du roi et les vrais cerveaux épris par des valeurs.
« A force de voir ces opportunistes disponibles tous les jours, les chefs finissent par croire que ce sont des collaborateurs et des personnes engagées alors qu’en réalité, ce ne sont que des opportunistes », dit-il.
A son temps, Kabila fils s’était déjà plaint d’avoir manqué 15 bonnes personnes pour rendre de la RDC un pays émergeant. Pourtant, celui-ci a été aux côtés des Professeurs, des politiciens chevronnés qui lui juraient amour et fidélité à longueur des journées jusqu’à ce que Tshisekedi ait pris le pouvoir pour que la plupart d’entre traversent vers autre camp.
De l’avis de Julien Paluku, le Congo manque cruellement une élite disposée à aider le pays à décoller, à sortir du marasme économique, sécuritaire et social dans lequel il est plongé depuis des années. Pire, ces opportunistes sont ceux qui s’empressent à émouvoir le chef en lui donnant l’impression d’être de bonne foi.
Le pays a ainsi besoin d’une relève patriotique pour relever le défi du sous-développement. Pour ce faire, il a besoin d’une classe politique consciente de la situation dans laquelle se trouve la RDC plus de 60 ans après son indépendance.
Gédéon ATIBU