La drogue en République Démocratique du Congo n’est plus uniquement une affaire d’homme, cela n’a d’ailleurs jamais été le cas. Cependant, le nombre de jeunes femmes accros semble augmenter.
L’attitude de Ursule et Lucie lors d’un trajet vers le centre ville le 26 mars 20223 a attiré l’attention. Les deux filles, affaissées l’une contre l’autre, étaient à peine conscientes. Elles avaient des tatouages sur le corps, ce qui ne semble plus surprendre à Kinshasa, où de nombreuses jeunes femmes accros à la drogue passent leur temps dans les fumoirs.
Et leurs familles sont les premières à en pâtir. En tout, c’est le combat quotidien de celle de Diane, 30 ans, encore très dépendante de ces stupéfiants depuis plus de 10 ans.
Il y a trois ans, la famille de Diane l’a placée chez un tradipraticien. Cependant, les résultats ne sont pas satisfaisants. Malgré sa peine et sa tristesse, Christelle, sa sœur aînée, garde espoir. Elle croit fermement que ce traitement est le bon pour permettre à Diane de retrouver sa stabilité.
« Nous avons fait de notre possible, mais c’est très difficile. Elle a plusieurs fois été sous traitements médicaux et même traditionnels, mais elle n’a pu s’en passer », raconte-t-elle.
Diane a pris sa première taffe à l’école en 2009, selon les dires de Christelle qui se souvient qu’elle avait des réactions étranges par la suite. Diane était sujette à des crises de colère fréquentes, agressait des passants dans la rue, ce qui mena à sa disparition un matin.
Après plusieurs avis de recherche infructueux, Diane demeurait introuvable pendant plusieurs mois jusqu’à ce que ses amis la retrouvent en bordure de route un après-midi. Ils l’ont vue ballonnée et très sale, sans pouvoir reconnaître qui que ce soit. Christelle se souvient de ce moment avec émotion, se laissant aller à une larme.
Suite à cette découverte, Diane a été emmenée à l’hôpital où on leur a proposé des traitements traditionnels, mais sans amélioration notable. C’est alors à la demande de l’une de ses cousines qu’elle a été conduite près d’elle. Bien que certains jours soient meilleurs que d’autres, Diane n’est pas encore totalement rétablie. Sa famille continue de prier pour elle.
Conséquences
Plusieurs femmes trainent encore les stigmates de ce phénomène. Les conséquences de la drogue sur les femmes, sont sans équivoque. Selon une étude américaine, la consommation de drogues réduit le volume du cerveau chez les femmes mais pas des hommes. De nombreuses études ont déjà montré que les femmes sont plus sensibles que les hommes à la consommation d’alcool et de drogues et à leurs effets à long terme : maladies, dommages au foie.
« Elles ont en général connu cela de par leur entourage depuis leur jeunesse », explique la criminologue Kahindo Pascaline. Selon elles, les femmes toxicomanes qui penchent dans la criminalité « deviennent plus violentes que les hommes ».
C’est pourquoi elle recommande aux familles d’accentuer la surveillance sur leurs enfants. « Il est difficile d’en sortir véritablement. Et ce combat doit être l’affaire de tous. Les mairies doivent dégager les espaces autour des écoles et y éviter l’installation de pharmacies par terre, lieu par excellence de circulation de la drogue ».
Prise en charge
En République Démocratique du Congo, il existe très peu de structures qui prennent en charge la santé des usagers de drogue. Ces structures se concentrent principalement sur la détermination du taux de drogue avant de commencer un traitement.
Le traitement proposé est à la fois médical et psychosocial. Cependant, selon un rapport de l’ONUDC, le petit nombre de structures de santé disponibles, l’absence de pratiques sanitaires adaptées et le manque de personnel médical posent des problèmes d’efficacité pour la prise en charge des usagers de drogue.
Gédéon ATIBU