Au Nord-Kivu, les femmes sont contraintes de se battre comme des diables au feu pour subvenir aux besoins de leur famille dans un contexte d’insécurité grandissante et une crise économique aiguë qui s’abat sur le pays.
D’un côté, les menaces des groupes armés sont bien réelles. Si la plupart ont abandonné leur routine en fuyant les travaux des champs qui leur permettaient de survivre suite à cette insécurité, d’autres, par contre, restent confrontées à d’énormes défis économiques liés au taux de change ces jours.
Dans un marché à Butembo (Nord-Kivu), l’inquiétude de survivre se lit sur le visage des vendeuses des produits vivrières. Interrogée par la Radio de la Femme ce mardi 18 juillet, Evelyne Kyakimwa, revendeuse du riz se plaint de constater que le prix d’achat a augmenté à cause de la guerre des ADF, le tout assaisonné par la dépréciation du franc congolais face au dollars américain.
« Le riz est parmi les aliments de base chez nous mais voyez vous-mêmes. Aujourd’hui, nous peinons pour acheter même un sac à nos vendeurs. C’est à cause de l’insécurité dans les zones de production. Parce qu’au moins vers janvier et février et surtout en 2022, on allait récolter à Isale mais depuis que les ADF circulent là-bas, les cultivateurs ont tous fui vers la ville. Et puis, il y a problème de taux. Aujourd’hui, ça se négocie ici entre 2500 et 2700. Il y a même ceux qui exagèrent en parlant de 3000. Alors, avec ça, comment on peut vivre », a-t-elle lancé.
Evelyne Kyakimwa révèle être veuve depuis 4 ans. Depuis qu’elle a perdu son mari, explique-t-elle, elle se bat pour nourrir et scolariser sa famille de 3 enfants.
« Mon mari est mort en 2019 d’une courte maladie. Au moins, quand il était encore là, on s’entraidait. Parfois, il se rendait directement à Isale pour me ravitailler en riz. Mais, depuis que je suis restée seule, c’est devenu très très difficile« , dit-elle.
Anastasie Marora, elle, pointe du doit la guerre du M23. En plus de l’insécurité imposée par les ADF au Nord, la vendeuse d’huile de palme accuse l’arrêt du trafic entre les villes de Butembo et Goma dans la partie sud.
« Certains de nos clients venaient de Goma et Rutshuru. Et même beaucoup de véhicules Fuso quittaient Butembo pour Goma. A cette période là, on vendait un peu. Mais, depuis que la route est coupée à cause du M23, on se contente des clients de Butembo seulement. On ne vend presque plus. Par exemple, la quantité d’huile que j’écoulais en 3 jours, je suis en train de passer une semaine ou même plus avec. Nos autorités doivent nous aider. Si ça continue comme ça, les gens risquent de mourir », se plaint-elle.
Butembo est une de grandes villes du Nord-Kivu. Elle est en cheval entre les territoires de Beni et de Lubero, entités sous menace constante des groupes armés. Réputée fertile, la contrée a pu être abandonnée par des nombreuses familles qui ont trouvé refuge dans des agglomérations surpeuplées par peur des attaques rebelles.
Par Charles Mapinduzi