Bénédicte Kayembe, de la nationalité Congolaise et Activiste des droits de la femme, déplore l’attitude des autorités congolaises dans la gestion du pays, alors que la République démocratique du Congo est supposé pays «démocratique».
En marge de la journée mondiale de la démocratie, le 15 septembre de chaque année, l’École de Hautes études politiques et juridiques a échangé avec cette activiste des droits des femmes au sujet du bilan sur les enjeux de la démocratie en Afrique.
Pourriez-vous vous présenter pour tous ceux qui ne vous connaissent pas ?
Je suis MWAMINI KAYEMBE Bénédicte, activiste des droits des femmes depuis bientôt 5 ans. Pourquoi activiste? Parce que pour moi, les femmes ont des capacités inouïes à exploiter et à mettre au service du monde, tout en ayant des droits comme tout être humain. Il faut donc les respecter et donner à chaque femme la place qu’elle mérite parce que oui, c’est bien de se battre pour leurs droits mais c’est encore mieux de mériter ce que nous voulons posséder. Dans le but de créer une société équitable avec une égalité des chances, j’ai choisi d’être parmi ces personnes qui luttent pour le respect des droits des femmes et de prouver au monde que ça vaut la peine de ne pas nous sous-estimer. Voilà en gros, ma motivation et mon objectif dans l’activisme. J’ai été vice- présidente de l’association Women’s voices, et aujourd’hui encore je défends les droits des femmes dans les médias en participant à plusieurs tables rondes entre autres la table ronde de la communauté de Saint-Pétersbourg, J’ai participé aux revendications du retour de la paix à Beni avec le parlement d’enfants, en collaboration avec le parlement des jeunes, toujours à Beni, nous avons instauré un festival portant le nom de « Tumaini » pour redonner de l’espoir à cette population meurtrie afin d’aider les vulnérables, les femmes violées, les déplacés de guerre.
Dans le contexte de la gestion de l’Etat, quel regard avez-vous sur la démocratie?
La démocratie avant d’être le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, est un régime social, pacifique où il existe le respect de la hiérarchie, des classes sociales, où l’on met l’accent sur le droit de l’homme et son intégrité d’une part et doit être un système de fonctionnement de l’État où les désirs et les besoins du peuple sont mis en avant. Une manière de diriger où les dirigeants n’assujettissent pas les dirigés, où le pouvoir est bien réparti d’autre part.
Pensez-vous que la République démocratique du Congo est un Etat démocratique? Quels en sont les enjeux à relever dans un contexte de guerre ?
La République démocratique du Congo est un pays démocratique mais l’implémentation de cette démocratie fait défaut et la manière dont les dirigeants gèrent le pays pousse à croire que la démocratie n’est juste qu’éphémère. La population a comme l’impression que ses dirigeants sont aussi dirigés à un certain niveau au regard de la situation que traverse le pays du point de vue économique, managérial etc.
Dans un contexte de guerre, d’autant plus que la démocratie est un régime social et de paix comme le dit Bruno Hueber, les états n’investissent pas beaucoup dans l’armée ce qui est désavantageux voire même dangereux pour le pays qui fait face à une situation de guerre et est attaquée de partout, ce qui joue sur sa prospérité et sa liberté.
Quel regard avez-vous sur la place de la femme dans la vie politique?
Le secteur politique est en carence de voix féminines, alors qu’il suffit de nous intéresser à cette matière et de nous faire confiance pour apporter aussi notre pierre à l’édifice. La place de la femme n’est pas encore importante et cela peut être dû à plusieurs facteurs mais qui sont surtouts sociétaux. A l’allure où vont les choses, avec le respect du genre et la parité, et la manière dont la femme commence à s’affirmer, cela pourrait changer.
Quels sont les besoins pour faciliter l’adhésion massive des femmes dans la participation citoyenne ?
Les femmes doivent comprendre qu’elles doivent s’intéresser au secteur politique et ne pas rester figées dans les domaines préétablis par la société, avoir une éducation citoyenne et leur donner la chance de s’affirmer.
Entretien tiré : EHEPJ