A Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, les femmes continuent de faire entendre leurs voix dans le cadre des activités liées aux 16 jours d’activisme.Ce lundi 9 décembre 2024, Anto Mulanga, conseillère genre et inclusion sociale à l’APEFE, une agence de coopération intégrée au sein de la fédération Wallonie-Bruxelles, a présenté un état des lieux des violences faites à la femme dans différents domaines en RDC.
À l’en croire, la violence faite aux femmes et aux filles reste un problème majeur dans de nombreux environnements, y compris dans les écoles primaires du Haut-Katanga.
«Les filles et les femmes sont victimes de violences verbales, physiques, psychologiques, et sexuelles. Dans le contexte scolaire, le harcèlement sexuel et les violences basées sur le genre sont encore fréquents. Cela a un impact direct sur l’accès des filles à l’éducation et leur épanouissement. De plus, les stéréotypes de genre sont perpétués dans l’enseignement parfois de manière inconsciente par les enseignants, ce qui tend à la normalisation et à la banalisation des violences et rend difficile la prise de conscience collective», dit-elle à la Radiodelafemme.net.
Anto Mulanga, qui travaille activement à promouvoir l’égalité des genres et à lutter contre les violences basées sur le genre (VBG) en RDC, affirme que des initiatives menées par l’APEFE avec le projet Teach to Empower apportent un espoir concret.
En travaillant directement avec les enseignants, cette agence forme les jeunes garçons et les filles à adopter des attitudes respectueuses, égalitaires et non violentes dès leurs jeunes âges, contribuant ainsi à créer un environnement scolaire plus sûr et plus inclusif.
Pour cette militante des droits des femmes, les 16 jours d’activisme sont une période clé pour renforcer la sensibilisation à la violence faite aux femmes et à l’égalité des genres. Elle pense qu’il est crucial d’intensifier les campagnes de sensibilisation dans les écoles primaires pour que les élèves, les enseignants et parents prennent conscience de l’importance du respect mutuel et de la non-violence.
«Dans le cadre du projet Teach to Empower, l’APEFE va mener des formations auprès des enseignants pour qu’ils transmettent aux élèves des compétences et des connaissances sur l’équité entre les sexes. Les élèves, en particulier les garçons, seront, formés à la masculinité positive, ce qui les encouragera à devenir des modèles de respect envers les filles. Il sera également essentiel de renforcer les mécanismes de signalement des violences dans les écoles et d’assurer un soutien aux victimes», poursuit-elle.
Ce message de réconfort aux femmes de l’Est
«À toutes les femmes de l’Est de la RDC qui vivent dans des conditions de violence, sachez que nous vous soutenons dans cette lutte. Vous n’êtes pas seules. Bien que la situation soit très difficile, il est important de ne pas garder le silence et de chercher du soutien, même dans les moments les plus sombres. Il existe des espaces sûrs, des organisations prêtes à vous aider et à vous accompagner dans votre parcours vers la guérison et l’autonomisation. Vous méritez de vivre dans un environnement sans violence, de poursuivre vos rêves et d’être respectées dans toutes les sphères de votre vie. Ne perdez pas espoir, car le changement est possible grâce à la solidarité et à la résistance collective»
Une occasion pour Mme Anto Mulamba de lancer un message fort aux auteurs de violences, qu’elles soient physiques, verbales ou sexuelles.
«Je vous dirais que la violence ne construit rien. Elle détruit des vies, des rêves et des communautés. Chaque enfant, chaque fille, chaque femme mérite d’être traitée avec respect et dignité. Les violences ne sont jamais une solution à un problème. Au contraire, elles génèrent de la douleur et des traumatismes qui peuvent affecter des générations entières. Vous avez la possibilité de changer et de choisir le respect et la bienveillance » a-t-elle conclu
Il faut noter que le projet Teach to Empower, qu’elle dirige, vise à former les enseignants pour qu’ils transmettent aux élèves les compétences et les valeurs nécessaires pour s’engager à faire progresser l’équité entre les sexes.
Elle et son équipe travaillent avec des écoles primaires du Haut-Katanga et de Lualaba, afin de promouvoir une éducation inclusive et respectueuse, notamment en déconstruisant les stéréotypes de genre qui perpétuent les violences faites aux femmes.
Ruth KUTEMBA/ Lubumbashi