Charismatique et populaire il y a quelques années, Martin Fayulu Madidi, passé d’un leader éclairé à un candidat ordinaire, serait en chute libre après avoir perdu Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito comme alliés.
Grâce à ses soutiens, le candidat commun issu des consultations de Genève avait brillé de mille feux face à Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin de Joseph Kabila et Félix Tshisekedi soutenu et parrainé par l’ex- président Kenyan Uhuru Kenyatta. Martin Fayulu, qui avait bénéficié considérablement des moyens mis à sa disposition par ses pairs, avait plus de visibilité que tous ses challengers y compris le candidat du Pouvoir. Dans l’opinion, Katumbi, Bemba, Muzito et les autres anonymes ont travaillé de telle sorte que la courbe de popularité soit en faveur du candidat de tous les espoirs. Il faudra avouer que l’échec face à Tshisekedi ressemblait à une pillule amère qu’il lui eut pris près de 5 ans pour digérer cette défaite surprise dont personne n’avait pronostiqué le score.
Cinq ans après, Martin Fayulu revient en course pour briguer la magistrature suprême. Cependant, Kabila n’est plus au pouvoir et le contexte de 2018 est totalement différent de celui de la présidentielle du 20 décembre prochain tant sur les alliances que sur les stratégies électorales et moyens financiers.
Fayulu, toujours aussi fort et perspicace ?
En ce qui concerne, Martin Fayulu, il n’est plus le même. Il connaît un coup de mou après 5 ans de traversée de désert. Perdu dans le mirage politique congolais et tout petit peu affaibli physiquement, le leader de L’ECIDÉ a passé plus de temps à réclamer la «Vérité des Urnes» qu’à ficeler une offre politique séduisante à la hauteur des ambitions du Grand Congo. Force est de constater que non seulement M. Fayulu a développé une rhétorique peu convaincante au cours de ces dernières années mais aussi il a entretenu le flou artistique dans la tête de milliers de congolais.
En effet, le proprio de Faden House s’est écarté au fil des années de ses idéaux, sa constance ainsi que de sa perspicacité. La fameuse décision de ne pas prendre part au processus électoral de 2023 sans audit du fichier électoral par un cabinet d’experts international avant de changer d’avis en dit long sur sa clairvoyance. Qu’est-ce qui aurait bien changé pour que Fayulu revienne en course après avoir sacrifié ses lieutenants qui auraient pu se représenter à tous les niveaux des élections si leur leader n’avait pas pris une telle décision sans probablement calculs politiques. A court d’inspiration ? Hormis ces questions restées en suspens, «le Candidat du Peuple» porté par la coalition LAMUKA en 2018 est bien en difficulté en termes de moyens financiers, car délaissé par tous ses partenaires naturels.
Martin Fayulu et le rôle qu’aurait joué Tshisekedi en 2018 ?
L’homme a fini par se révéler. Après cet épisode, Martin Fayulu s’en sorti noirci. Nombre d’observateurs sont ceux qui dénoncent la démarche, sans lendemain, qu’il a entreprises. Parmi eux, il y a ceux qui osent de parler de Fayulu comme le nouvel allié secret de Félix Tshisekedi. En toute vraisemblance, il aurait empoché 5 millions de dollars américains des mains du chef de l’État pour baliser la voie vers une rallonge. Des sources concordantes parlent d’un report des élections de six mois.
En définitive, le candidat numéro 21 ne sait plus sur quel pied danser. Contrairement à Katumbi, il est à la conquête de la 4ème ville du pays depuis le début de la campagne électorale, dimanche 19 novembre 2023. Pourquoi cette réticence ? Il est fort probable qu’il est au parfum de ce qui se passerait dans pratiquement 3 semaines. Quoiqu’il en soit, Martin Fayulu n’est plus porteur des aspirations pour lesquelles les congolais et congolaises ont cru en lui. Il a dévissé, mieux dévié… Comme Jésus-Christ, il lui faudra une véritable résurrection en 3 jours pour faire rayonner son aura au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale. Sinon…
Par Gédéon ATIBU