Au terme du procès public contre la bande de criminels qui sèment morts et terreurs dans la ville de Kinshasa et du rapide verdict qui en a été prononcé, avouons tout de même que beaucoup de zones d’ombres sont restées non éclairées, en l’occurrence de l’insistance du juge plus sur les kidnappings que sur ce second problème soulevé par la majorité des criminels eux-mêmes concernant la vente d’organes humains des victimes ; le non approfondissement de cette délicate question de vente d’organes sur laquelle le porte-parole du gouvernement a curieusement prononcé un déni officiel ; l’identification des médecins chargés d’ablation de ces organes; la localisation des cliniques et des services appropriés pour la conservation de ces organes; l’identité des acheteurs et le mécanisme par lesquels ce commerce échappe quasi à la police de frontières etc.
Tant que le voile ne sera pas levé sur toutes ces préoccupations, l’épée de Damoclès restera suspendue sur les congolaises et congolais.
Un seul avantage de la forte médiatisation de ce procès public, c’est que la population connaît maintenant les visages d’une partie ( je répète une partie) de ses ennemis intérieurs et elle a pris la juste mesure du danger qui plane sur sa propre sécurité.
À cet effet, elle est devenue plus vigilante et poussée à se prendre en charge. Ce procès a suscité le soupçon dans le chef d’une population qui refuse désormais de rester bras croisés et de se laisser faire. Ce soupçon lui fait également comprendre que tout n’a pas été dit pendant ce procès de deux jours et que ces criminels ne sont qu’une partie d’un iceberg plus profond d’une maffia des crimes organisés opérant à Kinshasa et dans d’autres agglomérations congolaises et pouvant étendre plusieurs de ses ramifications (jusque-là mal identifiées) jusqu’à ces congolais haut placés qui exercent le pouvoir dans divers secteurs-clés de l’Etat.
La majorité des congolais est désormais avertie sur l’ensemble des modes opératoires de ces criminels et, au moindre indice de négligence de l’Etat ou de la complicité des politiques, des agents de la police ou des magistrats avec ces malfrats, il faudra s’attendre à ce que la population désemparée et abandonnée à son triste sort se rende justice à elle-même.
Dans la guerre à basse intensité à laquelle les congolaises et congolais sont soumis depuis un quart du siècle par des forces extérieures et intérieures, la bonne information a toujours été l’arme la plus puissante pour sa survie et cette semaine, l’état congolais l’a livrée sur un plateau d’or au peuple souverain. Ce dernier en a déjà donné les preuves en août 1998 contre les envahisseurs rwandais qui voulaient s’emparer du pouvoir à Kinshasa.
Il est prêt aujourd’hui à se défendre farouchement contre ses propres filles et fils, de père et de mère congolais mais dévoyés par l’appât d’enrichissement facile.
Par la Rédaction