Le dérèglement hormonal manifesté par excès de poils chez l’homme est un fait totalement normal. Voir un homme avec la barbe n’étonne point. Cependant, voir une femme portée une barbe est une chose surprenante, inhabituelle. Les femmes atteintes d’hirsutisme constituent 5% à 15% de la population féminine. La plupart sont complexées par cette barbe qu’elles rasent chaque jour par peur de ressembler aux hommes.
Causes
Les causes de cet excès de poils chez la femme sont nombreuses. Dans un premier temps, de manière clinique on nous parle d’un dérèglement hormonal qui s’explique par l’excès de poils dû à l’androgène (hormones mâles). Il se trouve, dans d’autres cas, que la pilosité est souvent localisée à une ou plusieurs zones particulières. Le taux d’hormones androgènes est normal mais, c’est plus tôt le follicule pileux qui est anormalement sensible à ces hormones. Le phénomène des femmes barbues est génétique. Ce qui se remarque chez les femmes méditerranéennes qui sont les plus touchées par ce phénomène d’où l’une des origines est génétique de l’hirsutisme.
Société et regard
Il faut l’avouer toute suite. Le regard que porte la société singulièrement celle des africains sur ces femmes est en majorité un regard de préjugés. On n’accuse parfois ces femmes de tous les noms. Pour avoir l’avis des populations sur ce phénomène, nous rencontrons Jean-Pierre Mwamba. Il nous donne son appréciation sur une femme barbue.
« J’ai fait l’université avec une femme barbue. Elle était quand même belle avec sa barbe avec une silhouette séduisante. Je l’appréciais énormément à cause de sa manière d’être, car elle était très intelligente, je ne sais pas pour les autres mais à travers son intelligence j’ai porté un jugement sur toutes les femmes barbues. Pour moi ces femmes barbues sont très intelligentes et spéciales», explique-t-il fasciné.
En effet vu l’apparence de ces femmes qui ressemble à celle des hommes, il est évident qu’on suppose qu’elles ont également la mentalité des hommes. Qu’elles sont dures de caractère, teigneuses…voire violentes. Dans nos villages, ces femmes sont considérées pour la plupart comme des sorcières. Pour le villageois, il n’est pas normal que la femme porte une barbe comme un homme. La science et les merveilles de la nature, ils s’en ballent !
Cette opinion est soutenue par Deborah Tinga. « Moi je trouve que ces femmes sont différentes de nous autres femmes. C’est maléfique d’avoir de la barbe étant une femme. Je me demande comment elles font pour vivre sous le regard des gens. Elles sont des sorcières selon moi je souhaite en aucun cas toucher une femme à barbe. »,déclare-t-elle, dégoutée.
En effet, vu les éventuels faits mystiques qui se passe en Afrique la majorité des situations inhabituelles semble être pour certains un phénomène de sorcellerie. La science n’est-elle pas considérée comme de la sorcellerie en Afrique ?
Frustrations
Il est difficile pour une femme barbue de passer inaperçue dans la société africaine. Elles vivent ce regard posé sur elles de différentes manières. Frustrations, humiliation, complexées, vexées… certaines femmes barbues souffrent dans leur être. Florence Pole, femme barbue qui vit à Kinshasa témoigne. « Je suis une femme à barbe, considérée comme mon pseudo. Depuis l’âge de 13 ans d’où j’en ai 30 aujourd’hui j’ai vécu l’enfer. D’abord c’était au secondaire, à l’école puis à la maison. j’ai été un sujet de moquerie par mes amis et mes proches. J’ai même failli me donner la mort, je prenais en compte les critiques que la société m’apportait ce qui me détruisaient à petit feu », avoue-t-elle. Avec le temps, elle s’y est remise, elle a passé le cap. « Aujourd’hui, je me sens bien avec ma peau. Pour moi, chaque personne est spéciale. Maintenant, j’ignore tout ce qu’on dit à mon sujet », conclut- elle.
Ce complexe chez la femme barbue peut être remonté. Il faut le vouloir, arrêter d’accorder du crédit à tout ce qu’on dit de vous, tout ce qui se raconte de négatif…
Or, d’autres arrivent difficilement à le faire au point où elles ne réussissent pas à s’insérer dans la société à cause de la frustration qu’elles subissent.
« Sincèrement ça fait bizarre, je me sens hyper mal, mes barbes ont poussé à l’âge de 16ans. Aujourd’hui j’en ai 42 aucun traitement n’a marché, je n’ai jamais eu l’espoir d’avoir une vie de couple avec un homme qui aurait la sagesse de me comprendre et de me soutenir. J’évite les lieux où il y a trop de monde par peur d’être regardée par tous et jugée malgré mes épilations », confesse Edith Maleka.
Rester caché devient pour elle comme pour de nombreuses femmes barbues une habitude quotidienne. Jusqu’à quand resteront-elles dans cette situation ? Il ne faudrait-il pas sortir de ces frustrations pour se battre contre ce regard intriguant de la société afin de prendre toute sa place ?
En tout cas, elles n’ont pas choisi d’être comme les hommes, barbues. La nature leur a donné cette apparence, aimons-les comme nous !
Gédéon ATIBU