Les belles histoires et les exemples de réussite ne sont pas que dans les livres de conte et dans les films nollywoodiens. Derrière cette jeune femme au visage innocent se cache une véritable lionne qui ne manque pas de se saisir de sa proie chaque fois que l’occasion le lui permet.
Habitante de Goma, l’ingénieur en génie mécanique Sarah Abedi s’est confiée sur son parcours, ses échecs, exploits qui lui ont permis de gagner la confiance des gens et même le cœur de son adorable mari.
Depuis son jeune âge, Sarah Abedi a été attirée par le métier de son père qui était aussi du domaine puis motivée par le souci de briser les stéréotypes et préjugés dont la femme est injustement victime comme quoi elle serait un être faible.
Ingénieur mécanique appliquée et formatrice à l’INPP( Nord-Kivu) en mécanique automobile et conduite des véhicules légers, Mme Sarah Abedi doit ce mérite et cette réputation à son opiniâtreté et amour pour les sciences techniques et mathématiques, car le chemin qui la conduit vers cette reconnaissance tant provinciale que nationale a été parsemée d’embûches.
En effet, Sarah Abedi se rappelle combien elle était critiquée et diminuée à l’ISTA/Goma même par ses professeurs à cause de son genre. Elle n’a jamais dézoné ni baisé les bras malgré les critiques qu’elle a essuyées, car elle savait au fond d’elle ce qu’elle était et ce qu’elle voulait. Curieux que cela puisse paraître, ces critiques se sont transformées en une motivation supplémentaire en lieu et place du découragement.
«J’ai voulu montrer que j’étais une femme battante et que l’on me sous-estimait à tort», lâche l’Ir. Sarah Abedi.
Tout au long de son extraordinaire parcours, elle a dû puiser dans sa force mentale et disposition naturelle pour faire fi du regard de son entourage et avancer. «J’aime être différente pour me distinguer des autres. Je n’aime pas la routine ou faire les choses comme tout le monde et c’est pour cela que je n’ai jamais été complexée par rapport à mon métier. J’aime faire des choses que beaucoup trouvent impossibles ou difficiles», a-t-elle renchéri.
En ce qui concerne ses revenus mensuels, Mme Sarah Abedi n’a pas révélé combien elle gagnerait exactement, mais elle a avoué qu’elle s’en sort pas mal quand bien même ce n’est toujours pas suffisant pour vivre son rêve et réaliser ses projets.
Ce que fait l’Ir. Sarah Abedi lui procure satisfaction et bonheur et son plus beau cadeau que le métier lui a offert est la rencontre avec l’homme de sa destinée. Par son savoir-faire, Mme Sarah Abedi a gagné le cœur d’un de ses apprenants avec qui elle s’est récemment mariée pour le meilleur et le pire. «Une belle histoire d’amour est née de ce métier», a-t-elle témoigné tout en remerciant Dieu pour ce cadeau du ciel dans la mesure où son mari s’est révélé être un grand soutien dans ce qu’elle aime et sait bien faire depuis des années.
Par ailleurs, l’Ir Sarah se dit désolée de constater des inégalités persistantes entre l’homme et la femme. Cette dernière est alors appelée à s’affirmer davantage si elle veut gagner une place dans le cœur des uns et taper dans l’œil des autres.
«Il nous faut fournir plus d’efforts chaque jour pour en convaincre , car le monde n’a pas encore accepté à 100% que la femme est capable. Les femmes n’ont pas droit à l’erreur ni à l’excuse et ceci nous met en position déséquilibrée par rapport aux hommes», a-t-elle souligné.
A la tête de l’Asbl Actions des Femmes Ingénieurs (AFI) dont elle est Coordonnatrice, Mme Sarah Abedi exhorte les jeunes filles à être les artisans de développement de leur pays et à embrasser les domaines techniques en commençant par le métier d’ingénieur auquel la gent féminine ne s’intéresse absolument pas. La Coordonnatrice AFI/RDC, qui fait inspirer de nombreuses personnes, veut changer la donne en faveur des femmes et jeunes filles. Aux yeux d’elles, elle représente le symbole d’un personnage qui a osé et qui a réussi…
Il sied de souligner que le nombre de femmes dans le domaine des sciences et de l’ingénierie en Afrique est inférieur à 20 % alors que les femmes représentent plus de 50 % de la population et constituent la majorite de la main-d’œuvre dans la plupart des pays.
Par Gédéon ATIBU