D’après le calendrier électoral de la CENI, la campagne électorale pour les candidats aux présidentielles et aux législatives nationales et provinciales partira du 19 novembre jusqu’au au 18 décembre 2023. En termes clairs, à compter de ce samedi 19 août 2023, nous sommes à trois mois de la tenue du scrutin électoral congolais.
À quoi devrons-nous nous attendre? À la lumière de l’actualité politique en présence, cinq scénarios se dessinent à l’horizon.
Premier scénario
Le président de la CENI s’active tant bien que mal pour porter jusqu’au bout le processus électoral de la manière que l’on devine déjà. Trois pôles du pouvoir de mettent en place : l’union sacrée sous la férule de Tshisekedi; l’opposition politique sous la conduite de Katumbi et un candidat indépendant issu de la société civile le Dr Mukwege ou une autre surprise. L’élection se fait en faveur d’un de ces trois pôles du pouvoir.
La Cour constitutionnelle proclame les résultats en toute indépendance et transparence, conformément à l’avis des observateurs nationaux et internationaux. Le gagnant issu d’un de ces trois pôles prête serment en janvier 2024 et la RDC assiste à la deuxième passation pacifique du pouvoir dans son histoire politique.
Deuxième scénario !
Le président de la CENI adopte une ligne partisane et fait front commun avec le pouvoir en place qui a déjà pris l’option d’utiliser des méthodes fortes(arrestation, répression ou intimidations) pour bâillonner tant les forces politiques de l’opposition que tout autre candidat présidentiel comme cela où se vérifier avec le traitement subi par les proches de Katumbi et Sesanga empêchés de circuler à travers les provinces.
Le pouvoir s’emploie à occuper tout l’espace politique et médiatique pour faire le forcing. Les deux autres pôles du pouvoir résistent et se décident quand même de participer au scrutin.
La CENI subordonnée aux ordres du pouvoir refuse mordicus l’audit du fichier électoral parce qu’il sait pertinemment bien qu’il contient des millions de fictifs qui donneront des voix à ceux qui ont prévu opérer un hold-up électoral.
Dans ces conditions, le comptage de voix donne inévitablement avantage au président sortant et la Cour Constitutionnelle visiblement inféodée au régime entérine le résultat en parfait désaccord avec les autres acteurs politiques nationaux et contre l’avis des observateurs internationaux. Autiste et sourd aux nombreuses réclamations post-électorales, le gouvernement refuse le recomptage des voix. Le climat social se surchauffe mais le pouvoir procède par un coup de force comme ce fut le cas en 2006 et en 2011. L’armée et la police nationale mâtent dans le sang les protestataires et réussissent cahin cahan à imposer le schéma de la fraude.
Troisième scénario
La Cour constitutionnelle proclame les résultats en désaccord avec les observateurs nationaux et internationaux. Le pouvoir refuse le recomptage des voix et procède par un coup de force comme ce fut le cas en 2006. Ce qui entraîne le pourrissement général de la situation et des tensions sociales un peu partout en RDC.
Déjà en intelligence avec le Ministère congolais de la Défense depuis l’an passé, Vladimir Poutine qui a déjà mis à profit de tels mécontentement populaires au Mali et au Burkina Faso, entre par cette brèche pour pistonner les forces spéciales de Wagner et pour manipuler la grande muette impayée ou mal payée qui se range du côté du peuple.
Par effet domino de ce qui se passe au Sahel, un officier militaire neutralise la classe politique. Le régime déjà très impopulaire auprès de l’opinion publique finit par s’effondrer. Et comme en 1965, un officier reprend les rênes du pouvoir.
Quatrième scénario !
C’est un secret de Polichinelle que les élections démocratiques en RDC ont toujours été un casse-tête pour les multinationales apeurées de perdre leur main-mise sur les ressources naturelles congolaises. Pour cette raison, elles ont toujours redouté l’élection d’un candidat nationaliste.
Scénario qui devient très plausible dans cet environnement très volatile de la guerre de forces otaniennes contre la Russie et la Chine et la perte progressive de l’influence occidentale en Afrique devant l’avancée du BRICS.
Pour éviter d’en arriver là, les puissances occidentales actionnent au Congo via leurs proxies rwandais et ougandais et Congo Brazzavillois leur stratégie du chaos organisé pour contrôler le cours des événements.
Chaos sur le front Est avec des milices M23 armées et équipées par les mêmes puissances et appuyées par la fameuse Force régionale. Chaos sur le front Ouest à Kinshasa, au Bandundu et Kongo central où les cellules dormantes déjà présentes dans la capitale kinoise et leur nouvelle base-arrière militaire à Mindouli convergeront dans la prise du pouvoir à Kinshasa et à l’installation d’un régime politique totalement téléguidé de Kigali avec des complices congolais.
Les élections sont alors renvoyées sine die aux calendes grecques, laissant pourrir la situation sécuritaire interne, tout en “nettoyant” le pays via des assassinats ciblés des intellectuels, officiers patriotes et politiciens qui refuseront de se soumettre au nouvel ordre politique. Faisant ainsi croître la terreur avec la complicité de la communauté internationale pour pouvoir habituer le peuple congolais à vivre pour longtemps dans la posture de servitude volontaire sur la terre de ses ancêtres.
Cinquième scénario
À défaut d’actionner leur puissance de feu sur le Congo-Kinshasa par crainte de créer une deuxième Ukraine où cette fois-ci les soi-disant défenseurs de l’ordre démocratique revêtent les habits russes des envahisseurs, les puissants qui contrôlent les leviers de pouvoir en RDC lèveront l’option d’utiliser un autre stratagème politique consistant à instrumentaliser leurs marionnettes infiltrées au sommet des institutions du pays et au sein de l’opposition républicaine en vue d’imposer un dialogue national.
Une hypothèse à ne point négliger lorsqu’on sait la dernière rencontre à Lomé sous les auspices du président Faure Eyadema de Vital Kamerhe( émissaire de Félix Tshisekedi) et de Raymond Tshibanda( émissaire de Joseph Kabila) en vue de négocier un dialogue national qui décidera de repousser le scrutin électoral prévu le 23 décembre 2023 et de mettre en place les conditions d’une transition démocratique. Sur ce point il semble se dessiner une convergence de vues avec l’opposition et la société civile qui, derrière leurs exigences de récuser la fiabilité du fichier électoral, se cache en filigrane leur volonté de se retirer du processus électoral pour le tirer en longueur.
Bref au-delà de la subite résurrection du pacte CACH-FCC et des exigences uniformes de l’opposition et de la société civile, se cache bel et bien un consensus politique tacite consistant à ne pas respecter le calendrier électoral.
Il ne faut pas négliger les toutes dernières consultations d’Olengankoy faites la semaine passée auprès de ténors de l’opposition ( Katumbi, Matata etc.) pour le report des élections. À votre avis, qui l’aurait missionné???? Tout bien pesé, cette consultation est à comprendre comme Lomé II, à savoir l’élargissement des négociations FCC -Cach. Preuve de plus de l’existence d’une dynamique de report des élections.
Toutes ces manœuvres politiques ( qu’elles soient l’œuvre de politiciens congolais ou dictées par leurs maîtres à penser) n’augurent rien de bon quant à la possibilité d’un nouveau projet de société capable de porter une alternative à la crise sécuritaire, économique et politique qui étrangle le destin des congolaises et des congolais.
L’impression générale qui se dégage c’est l’absence totale de débat politique serein et rationnel autour des problèmes profonds de ce vaste pays. Tout est focalisé sur des individus et très rarement sur les idées fortes capables de générer une politique alternative favorable au mieux-être du peuple congolais.
Cette manière de battre campagne ( regardez bien ça a déjà commencé sans le dire clairement) est en passe de pousser tout le processus électoral vers ce point de chute synonyme aux eaux troubles et impétueuses qui viendront jeter encore plus de chaos social propice aux faiseurs de roi en RDC et prompt à concocter des « arrangements à l’africaine »en vue de placer à la magistrature suprême non point un candidat ÉLU du peuple mais plutôt NOMMÉ dans des sinistres officines politiques comme ce fut le cas en janvier 2019, obéissant aux critères extra-constitutionnels assimilés ni plus ni moins à un viol de la volonté du souverain primaire.
Par la Rédaction