Nous sommes allés fouiner à la source pour avoir des précisions sur la fiabilité de l’information qui circule concernant les conciliabules secrets entre les officiels israéliens et congolais concernant le transfert des palestiniens sur le sol congolais. Ce n’est point de la simple rumeur comme a voulu le faire croire le Ministre Patrick Muyaya. Le site d’information ‘’The Times of Israel’’ s’appuyant sur une source haut placée au gouvernement Israëlien, a indiqué, mercredi 3 janvier, que ‘’des responsables israéliens mènent des pourparlers secrets avec la RDC (Kinshasa) et plusieurs autres pays pour qu’ils acceptent d’accueillir des migrants (palestiniens) en provenance de Gaza’’. La même information a été relayée par différents médias crédibles, par une chaîne de télévision de grande audience à Tel-Aviv et par d’autres médias des pays libres qui ont fini par préciser qu’il s’agit bel et bien du Congo ex-Zaïre et non du Congo-Brazzaville.
Dans l’hypothèse où la partie rdcongolaise acceptait une telle offre empoisonnée, la présente étude essaie d’évaluer les quatre menaces qui pèseraient gravement sur le destin du Congo et des congolais.
CAUTIONNER UNE INJUSTICE INTERNATIONALE
La première menace concerne une extorsion de terre à un peuple qui risque de nous faire attirer la foudre internationale.
Le problème est bien au-delà de la thèse humanitaire de l’accueil des palestiniens sur le sol congolais. C’est plutôt ce qui se cache derrière qui fait problème. Car comment peut-on donner hospitalité à des gens déjà propriétaires d’une terre mais forcés de la quitter contre leur gré ? N’est-ce pas donner crédit à ceux qui leur exproprient injustement leur terre en vue de les chasser pour toujours de leur terre natale? N’est-ce pas cracher sur le droit international qui est le fondement même du vivre-ensemble entre les États et auquel recourt bien souvent la même RDC chaque fois qu’elle se plaint d’être agressée?
Dans ce genre de concertations secrètes, le gouvernement congolais est en train de commettre une double trahison : trahison vis-à-vis de son propre gouvernement dont la position diplomatique connue sur la question de la Palestine a été depuis toujours celle de la reconnaissance de deux États autonomes. Trahison également vis-à-vis de la noble cause des peuples envahis et colonisés qui luttent pour leur indépendance et leur souveraineté.
Dans une des publications précédentes, on a expliqué le parallélisme entre le destin du peuple Palestinien et celui du peuple rdcongolais. Les deux pays étant de malheureux voisins de deux pays ( Israël et Rwanda) qui ont connu les affres du genocide et qui s’en servent comme fond de commerce. Sans avoir jamais été auteurs historiques de ces genocides, la RDC et la Palestine, en paient chèrement le prix fort à la place des planificateurs internationaux de ce plogrom.
Le deuxième parallélisme est relatif au complot de la communauté internationale contre leur sort. Tout s’y déroule comme si les assassinats par centaines de milliers qui se déroulent en Palestine et en RDC n’émeuvent aucune puissance de ce monde. Au contraire chacune d’elles travaille en sous mains pour soutenir les politiques des pays agresseurs.
Ceci dit, la position du gouvernement congolais d’accueillir les palestiniens sur son sol est une contradiction interne d’un pays agressé qui a choisi de cracher sur un semblable qui vit la copie conforme de ses souffrances. Notez qu’une fois mise en exécution, cette décision d’accueil les réfugiés palestiniens au Congo attirera la foudre continentale et mondiale contre le peuple congolais. Une foudre qui va nous carboniser avant de nous isoler et de nous rendre davantage un État paria sur la scène internationale.
JONCTION EXPLOSIVE ENTRE LES APATRIDES DÉSESPÉRÉS ET LES ÉRYTHRÉENS ET AUTRES ATTERIS DU RWANDA
Contrairement à ce qu’écrivent les congolais, le projet anglo-saxon d’expatrier des migrants irréguliers vers le Rwanda est encore de mise. Le 5 décembre dernier, le parlement britannique est revenu sur la question. Le projet avait été annulé mi-novembre par la Cour suprême britannique. Mais tout a brusquement changé. Le Royaume-Uni expulsera finalement ses migrants vers le Rwanda. Un accord a été signé ce mardi entre les deux pays, trois semaines après le rejet d’un précédent projet. À partir d’aujourd’hui (…), toute personne entrant illégalement au Royaume-Uni ainsi que ceux qui sont arrivés illégalement depuis le 1er janvier pourront désormais être relocalisés au Rwanda », a annoncé le dirigeant conservateur lors d’un discours dans un aéroport du Kent. Parmi ces réfugiés illégaux, il faut compter toute la “pègre” qui peut venir renforcer le plan anglo-saxon dans la sous-région des Grands-Lacs.
La foudre internationale à laquelle on fait allusion plus haut peut provenir de la jonction de palestiniens frustrés envoyés contre leur gré en RDC et leurs frères de religion ou d’idéologie placés aux zones limitrophes Rwanda-congolaises.
À ce front interne, il faut ajouter la grande fronde internationale qui pourra naître de la coalition des résistants arabes pro-palestiniens du monde entier qui mettront la RDC à feu et à sang soit par voies du terrorisme transnational soit par des opérations militaires coordonnées en vue de libérer leurs coreligionnaires pris en otage dans les savanes congolaises.
IMPLANTATION D’UNE COLONIE DE PEUPLEMENT ET D’UNE DOUBLE EXPROPRIATION DE TERRES CONGOLAISES
La majorité des congolais ignorent ce qui était advenu le 23 août 1903, date d’ouverture du sixième congrès sioniste mondial. Congrès au cours duquel Theodor Herzl faisait part aux délégations des juifs qui y participaient, d’un Vaste Projet dit « Projet Ouganda ». De quoi s’agissait-il? Le 24 avril 1903 le secrétaire d’Etat britannique aux Colonies, Joseph Chamberlain, propose au président du Congrès Sioniste Théodore Herzl d’établir une implantation juive dans les possessions de la Grande Bretagne en Afrique de l’Est, spécialement en Ouganda. C’est de justesse, grâce à la résistance des juifs venus de la Russie et à la mort prématurée de Théodor Herzl que le projet a dû capoter.
Mais l’on sait désormais que c’est envisageable. Certes depuis 1960, officiellement parlant, l’Afrique n’est plus une colonie et qu’on ne peut comparer l’Ouganda de 1903 avec la RD Congo de 2024 mais qui est prêt à ignorer que jusqu’à ce jour, la plupart des dirigeants en Afrique centrale sont des nègres de services, sans impérium et prêts à brader les intérêts stratégiques de leur pays au moindre ukase de ceux qui les ont placés au pouvoir?
Le projet Ouganda pour construire un État juif dans les terres plantureuses de l’Afrique orientale peut être un précédent sur ce qui peut être envisagé derrière la translocation des palestiniens sur les terres congolaises où ils vont créer une colonie de peuplement avec cette volonté postérieure de s’installer durablement et de chasser les premiers occupants, exactement comme cela s’est passé en 1948 sur la terre palestinienne et comme cela se passe déjà actuellement en RDC, à Rutshuru et à Bunagana.
REMAKE D’UNE OPÉRATION TURQUOISE BIS
Le malheur du Congo est né de manière systématique à la suite du génocide rwandais, de l’effondrement du régime d’Habyarimana ayant poussé la France à demander au Maréchal Mobutu le lancement de l’Opération Turquoise ( 22 juin -21 août 1994) qui a vu le gouvernement de Kigali traverser la frontière zaïroise avec tous les instruments de pouvoir ( officiels ; banque centrale; armée, chars de combat et munitions etc.) tout ce scénario qui servira de faux prétexte à Kagame pour déclencher la guerre contre le Zaïre.
Mobutu qui a ouvert les frontières de son pays à ces affolés de guerre croyait par là sauver son régime mais il y va et reduire son isolement sur la scène internationale. Erreur! Ce facteur explosif va précipiter l’effondrement de son pays et va le pousser sur le chemin de l’exil. 29 ans plus tard, la RDC continue à payer le lourd tribut de cette erreur politique.
Au moment où plus de la moitié du budget national est mobilisé chaque année pour guerroyer contre le Rwanda sans jamais recouvrer l’intégrité territoriale, voilà que les officiels congolais veulent répéter la maladresse d’une seconde opération turquoise sur le sol congolais.
Même si les palestiniens ne sauront pas atterrir à Kinshasa avec armes et munitions comme les FDLR, mais indubitablement leur mental de revanchard sera pire que 100 chars de combat réunis. Ils ne se contenteront pas de se mettre au repos, de boire et de manger, encore moins d’oublier les souffrances subies. Ils ne sont nullement des jouisseurs comme le sont des congolais. Selon leurs vieilles traditions sémitiques de la loi du Talion, chaque meurtre d’un membre du groupe se venge. “Œil pour œil, dent pour dent”. C’est une pratique courante sinon un devoir culturel et congénital. Ceci dit, il faudra s’attendre que durant leur séjour sur la terre congolaise, une série d’opérations de sabotage et de lynchage puisse s’organiser contre toutes présences juives ou contre leurs alliés occidentaux sur le sol congolais, avec pour conséquence collatérale de déstabiliser un pays déjà trop fragile.
Un autre fait est en train de passer inaperçu aux yeux des observateurs congolais : l’arrivée des forces de la SADC en RDC invitées avec mandat offensif par le gouvernement congolais en remplacement de la force régionale. Et cette mission de la SADC sera sous le commandement du Major Général Monwabisi Dyakopu qui est bel et bien un officier supérieur de l’armée sud-africaine. Soit dit en passant Dyakopu est un officier sud-africain bien connu en RDC pour avoir précédemment servi en tant que Commandant de la Brigade d’intervention en 2013 contre les M23.
Mais il se pose un sérieux problème ! La semaine passée, le gouvernement sud-africain a ouvert une procédure judiciaire contre Israël près la Cour Internationale de Justice pour des actes de Genocide commis par Israël contre les palestiniens à Gaza en violation du droit international. Le gouvernement congolais « flirte » avec deux pays en disgrâce et son petit jeu mesquin ne pourra pas durer longtemps. Soit l’un des alliés l’abandonnera pour son absence de loyauté soit les deux lui tourneront le dos pour son manque de ligne idéologique ferme et claire.
Que conclure ?
La conclusion de cette étude se fait en trois volets. Sur le premier volet, il s’agit de réfléchir sur les intérêts réciproques d’un tel deal secret. De la part d’Israel, le bénéfice serait d’avoir réussi à éloigner l’ennemi loin de ses frontières et donc hors d’état de nuire. Mais que gagne la RDC en prenant une telle décision périlleuse ? Réponse : rien ou sinon le chaos. Le seul bénéfice ( bien qu’éphémère) reviendrait au président Félix Tshisekedi qui depuis sa visite en Israël n’a cessé de multiplier des décisions stratégiques en faveur de l’Etat d’Israël, telle cette volonté de déplacer l’ambassade congolaise de Tel-Aviv à Jérusalem. Le président congolais multiplie toutes ces opérations de charme moyennant le soutien militaire et politique de son régime. Qui ignore que les sociétés israéliennes ont acquis une grande compétence dans les questions de cybersécurité et d’espionnages. Elles ont vendu leur service à des palais présidentiels africains tels au palais présidentiel de Paul Biya à Yaoundé ou encore à celui de Nairobi. Le président Félix Tshisekedi espère énormément cette coopération dans le domaine de la sécurité et de la cybersécurité avec Israël pour sécuriser son régime mais probablement pas le pays sur le moyen et le long terme.
Sur le deuxième volet, il s’agit de la solidarité entre peuples opprimés. Et le peuple palestinien se positionne dans la même catégorie que le peuple congolais agressé par des armées étrangères, expolié d’une partie de son espace géographique, sa dignité humaine bafouée et chosifiée sans protestation aucune de l’opinion internationale, leurs populations “parquées” respectivement dans des réserves humaines à Gaza comme dans les banlieues de Goma etc. Ces deux peuples partagent une communauté de destins et la partie congolaise doit savoir qu’en levant l’option d’ouverture d’un espace pour les gazaouis sur le sol congolais, elle trahit totalement la cause de la lutte de ce peuple qui cherche à défendre sa terre et à “y rester” quoi qu’il lui en coûte.
Sur le troisième volet, se dégage l’impérieux devoir de nous interroger pourquoi l’Egypte, un pays africain pourtant à majorité arabe, a refusé mordicus l’offre d’Israël et des USA d’accueillir les réfugiés palestiniens sur son sol.
Des centaines de Palestiniens étaient massés, lundi 16 octobre, dans le sud de la bande de Gaza dans l’espoir d’une ouverture du point de passage de Rafah qui leur permettrait d’échapper à la guerre entre le Hamas et Israël. Mais jusqu’à présent, le poste frontière avec l’Égypte, l’une des seules voies de sortie de l’enclave, est resté fermé. Outre que l’Egypte refuse d’être la seule à gérer cette situation humanitaire désastreuse, il faut plutôt chercher la principale raison de refus égyptien dans la crainte d’une déstabilisation politique de leur pays.
Pour Marc Lavergne, spécialiste de l’Égypte et directeur de recherche au CNRS, la raison du refus égyptien d’accueillir leurs voisins palestiniens est avant tout politique. « L’Égypte – où toute manifestation est interdite – a peur de toute contestation en son sein, et notamment d’un mouvement de solidarité de la population égyptienne à l’égard des Palestiniens et contre Israël ».
En passant au peigne fin tous les coins et recoins de ces concertations secrètes entre Israël et la RDC, il n’y a l’ombre d’aucun doute : sur le plan sécuritaire interne tout comme sur sa crédibilité sur la scène internationale, ce plan de transfert des gazaouis en RDC aura des effets déstabilisateurs à moyen et à long terme aussi bien sur l’ensemble du pays que sur le fonctionnement de ses institutions. La Rd Congo en sortira la grande perdante, encore plus affaiblie, plus fragilisée et plus isolée. Elle en sera le seul dindon de la farce et la risée du monde, tout en cristallisant contre soi, la haine farouche d’une grande partie de l’humanité.
Ce pays en guerre depuis un quart du siècle a déjà assez de problèmes internes à régler chez soi pour vouloir aller encore secouer une autre ruche d’abeilles qui peuvent faire très mal au destin collectif du peuple congolais. Il n’est pas trop tard aux dirigeants congolais de reconsidérer leur approche diplomatique erronée sur toutes les lignes et de prendre le courage de faire un rétropédalage qui s’impose pour le plus grand bien et la stabilité du pays.
Notez que nous n’avons pas la prétention d’avoir tout dit sur cette question si épineuse, loin s’en faut! On a juste essayé de donner notre part de vérité. Le plus important, à mon avis, revient aux congolaises et aux congolais invités à replacer cette question au cœur de leurs débats quotidiens et à adopter une position commune pour défendre l’intérêt supérieur de leur pays et de leur propre destin futur.
Par la Rédaction