La Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, Nada Al-Nashif, a présenté mardi un rapport sur la situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo, détaillant les violations persistantes des droits de l’homme résultant de l’offensive lancée par le M23, soutenu par le Rwanda, dans l’est de la RDC.
« L’offensive lancée cette année par le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu a exacerbé une crise humanitaire et des droits de l’homme déjà grave dans l’est de la RDC », a-t-elle déclaré.
La Haut-Commissaire adjointe a noté que, depuis le dernier point présenté au Conseil en octobre, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme s’est efforcé d’apporter un soutien technique aux autorités afin de renforcer l’État de droit, de faire progresser la justice transitionnelle et de renforcer la lutte contre l’impunité, malgré cette dernière vague de violence.
« L’ampleur de la violence et de l’insécurité a entravé la capacité de notre Bureau à s’acquitter pleinement de son mandat. Néanmoins, avec notre aide, des procès ont eu lieu, qui ont abouti à la condamnation d’un chef de guerre et d’anciens miliciens pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment meurtre, torture, viol et esclavage sexuel », a déclaré Mme Al-Nashif.
Et d’ajouter :
« Permettez-moi de souligner avec une vive inquiétude que, depuis le début de l’année, l’ONU a recensé 602 victimes d’exécutions extrajudiciaires et sommaires commises par toutes les parties au conflit, rien que dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Dans la province de l’Ituri, au nord-est du pays, plusieurs groupes continuent de tuer, de mutiler et d’enlever des civils. Parallèlement, les forces de la RDC et leurs alliés ont également attaqué des civils. Les violences sexuelles liées au conflit continuent de sévir et sont commises par toutes les parties. Le nombre de cas a augmenté de plus de 270 % entre janvier et février ».
Près de 26 millions de personnes, soit près d’un quart de la population du pays, connaissent une insécurité alimentaire d’urgence et de crise. Au total, près de 7,8 millions de personnes sont déplacées en RDC, dont 3,8 millions dans les seules provinces du Kivu. Des milliers d’écoles ont été fermées, détruites, transformées en abris d’urgence ou occupées par des groupes armés, et plus de 1,6 million d’enfants dans l’est de la RDC ne sont plus scolarisés.
« Tout plan de paix durable doit s’attaquer aux causes profondes du conflit, notamment l’exploitation illégale des ressources naturelles, la richesse nationale. Les autorités de la RDC doivent également adopter une position ferme et cohérente contre la corruption, l’impunité et les discours de haine, quels qu’en soient les auteurs », a-t-elle déclaré.
La Haut-Commissaire adjointe a déclaré que les processus de justice transitionnelle devaient être accélérés, notamment en vue de la finalisation de consultations nationales inclusives. La politique nationale de la RDC en matière de justice transitionnelle, élaborée avec le soutien du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, offre un potentiel pour de futurs efforts significatifs en matière de vérité et de réconciliation.
« En tant que Bureau, nous continuerons à soutenir ce travail dans la mesure du possible. Cela implique la mise à disposition d’une expertise médico-légale, de ressources logistiques et financières, ainsi qu’un soutien aux victimes et aux témoins. Nous nous engageons également à soutenir la réforme du Code pénal afin d’y intégrer des dispositions érigeant les discours de haine en infraction à part entière. Après près de trois décennies de guerre et plus de six millions de morts, il devrait être parfaitement clair qu’il n’existe pas de solution militaire à ce conflit. »
La population de la RDC a besoin que les acteurs locaux, nationaux et régionaux fassent preuve de leadership et privilégient le dialogue plutôt que l’intérêt personnel, la cupidité et la violence. La communauté internationale doit également prendre des mesures décisives, concrètes et urgentes pour faciliter une paix durable en RDC.
« Les États et les entreprises privées qui tirent profit des ressources naturelles exploitées dans des conditions dangereuses et illégales doivent cesser de se cacher derrière des chaînes d’approvisionnement complexes et opaques Sans action concrète, la violence actuelle pourrait bien engloutir toute la région. Les risques d’une telle catastrophe augmentent de jour en jour. », a-t-elle déclaré.
Al-Nashif a déclaré qu’il fallait rendre des comptes pour l’ampleur extrême des souffrances des civils en RDC. Il est temps que la communauté internationale envoie un message fort et sans équivoque à toutes les parties : les violations et les abus, dont beaucoup constituent potentiellement des crimes internationaux, doivent cesser et être traités efficacement.
