New York — Le dernier rapport phare d’ONU Femmes révèle un écart croissant entre les sexes en matière de protection sociale (ensemble de politiques comprenant les prestations en espèces, la protection contre le chômage, les retraites et les soins de santé), rendant les femmes et les filles plus vulnérables à la pauvreté.
Publié à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, le 17 octobre, le rapport montre que deux milliards de femmes et de filles n’ont accès à aucune forme de protection sociale. Si les niveaux de protection sociale ont augmenté depuis 2015, les écarts entre les sexes en matière de couverture sociale se sont creusés dans la plupart des régions en développement, ce qui suggère que les avancées récentes ont davantage profité aux hommes qu’aux femmes.
Le rapport montre l’état lamentable de la protection de la maternité dans le monde. Malgré les progrès réalisés, plus de 63 % des femmes dans le monde accouchent encore sans avoir accès aux prestations de maternité, ce chiffre atteignant 94 % en Afrique subsaharienne. Le manque de soutien financier pendant le congé de maternité non seulement place les femmes dans une situation économique défavorable, mais compromet également leur santé et leur bien-être ainsi que ceux de leurs enfants, perpétuant la pauvreté de génération en génération.
Le rapport dresse un tableau saisissant de la nature sexuée de la pauvreté. Les femmes et les filles sont surreprésentées parmi les pauvres à tous les stades de la vie, les écarts les plus importants étant observés pendant la période où elles sont en âge de procréer. Les femmes âgées de 25 à 34 ans ont 25 % plus de chances de vivre dans des ménages extrêmement pauvres que les hommes de la même tranche d’âge. Les conflits et le changement climatique exacerbent cette inégalité. Les femmes vivant dans des contextes fragiles ont 7,7 fois plus de risques de vivre dans l’extrême pauvreté que celles vivant dans des environnements non fragiles.
Les risques et vulnérabilités spécifiques aux femmes sont souvent négligés au lendemain de chocs. Par exemple, les taux d’inflation très élevés depuis 2022, qui ont entraîné une flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ont particulièrement touché les femmes. Pourtant, sur près de 1 000 mesures de protection sociale adoptées par les gouvernements de 171 pays dans les mois qui ont suivi, seules 18 % visaient la sécurité économique des femmes, révèle le rapport.
« Le potentiel de la protection sociale en matière d’égalité des sexes, de résilience et de transformation est énorme. Pour exploiter ce potentiel, nous devons mettre l’accent sur la dignité, l’autonomie et l’autonomisation des femmes et des filles à chaque étape du processus – de la conception des politiques et des programmes à leur mise en œuvre et leur financement », a déclaré Sarah Hendriks,
Directrice de la Division des politiques, des programmes et des relations intergouvernementales d’ONU Femmes, lors de la présentation du rapport lors d’un événement conjoint avec le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.
Le rapport, qui s’appuie sur les contributions du monde universitaire, de la société civile et du système des Nations Unies, notamment de l’Organisation internationale du travail, met en lumière des exemples de progrès. Des pays comme la Mongolie ont étendu les prestations de congé de maternité aux travailleurs informels, notamment aux éleveurs et aux travailleurs indépendants, tout en renforçant le congé de paternité pour favoriser l’égalité des sexes dans les responsabilités de soins. Dans des pays comme le Mexique et la Tunisie, des mesures ont été prises pour inclure les travailleurs domestiques dans les systèmes de sécurité sociale. Au Sénégal, le régime national d’assurance maladie a étendu et adapté ses services pour répondre aux besoins des femmes rurales, avec le soutien d’ONU Femmes.
Ces initiatives démontrent le potentiel de transformation des systèmes, politiques et programmes de protection sociale qui tiennent compte des questions de genre, c’est-à-dire qui accordent une attention particulière aux défis uniques auxquels sont confrontées les femmes et les filles.
Dans ce monde en pleine ébullition, le rapport d’ONU Femmes appelle les gouvernements à offrir aux femmes et aux filles des moyens durables de sortir de la pauvreté, en accordant la priorité aux besoins des femmes et des filles dans leurs mesures de protection sociale et leurs réponses aux crises.
Rapport ONU-Femmes