Dans le cadre de sa visite en République Démocratique du Congo, le Pape François a rencontré ce mercredi 01 février, à Kinshasa, à la Nonciature Apostolique, les différentes délégations des survivants, victimes de différents types des violences vécues dans l’Est de la RDC. Cela quelques heures après la messe sainte qu’il a présidée ce jour dans la capitale congolaise, à l’aéroport de Ndolo.
Les différentes délégations des survivants qui ont rencontré le Souverain pontife ce mercredi, sont entre autres celles de Beni, Goma, l’Ituri, et Bukavu, etc. Et quelques unes de ces délégations ont été représentées par leurs membres qui ont fait les témoignages de ce qu’ils ont vécu comme actes de violences dans leurs provinces respectives.
« J’ai 17 ans, je viens de Walikale, j’ai commencé le calvaire de souffrance en 2020. Un jour nous allions puiser de l’eau à la rivière, c’était à Musenge, dans un des villages du territoire de Walikale… En route, nous avions rencontré des rebelles, ils nous ont emmenées dans la forêt, chacun des rebelles s’est choisi la fille qu’il voulait, moi c’est le commandant qui m’a désirée, il m’a violée comme un animal, c’était une souffrance atroce, je suis restée pratiquement comme sa femme, il me violait plusieurs fois par jour comme il voulait pendant plusieurs heures, et cela a duré 1 an et 7 mois. C’était inutile de crier, car personne ne pouvait m’entendre ni venir à mon secours… J’ai eu avec l’une de mes amies la chance de m’échapper après 19 mois de souffrance. De cette expérience, je suis revenue enceinte, j’ai eu des jumeaux que vous voyez ici, des enfants qui ne connaîtront jamais leur père », a témoigné Bijou Mukumbi de la délégation des survivants de Goma.
Et à elle d’ajouter : « Mes autres amies qui étaient kidnappées avec moi ce jour là ne sont jamais revenues, je ne sais pas si elles sont encore en vie ou elles sont déjà mortes. Votre Sainteté, avec la présence des dizaines de groupes armés, les tueries se sont intensifiées partout, les familles se sont déplacées à plusieurs reprises, les enfants sont demeurés sans parents, se sont vus exploités dans les mines ou dans les armées rebelles. Comme mes compatriotes ici présentes avec moi, les filles et femmes ont commencé le calvaire des violences sexuelles de tout ordre et des tortures sans nom. D’autres populations se sont vues déplacées et n’ont plus trouvé de patrie, errant ici et là… ».
Après leurs témoignages faits à tour de rôle, ces personnes (femmes et hommes) victimes des violences dans l’Est de la RDC, ont déposé au pied de la croix du Christ placée à côté du Pape, les armes blanches, instruments identiques à ceux qui ont été utilisés par leurs bourreaux pour les violenter et martyriser, cela avant de bénéficier chacun (e) de la prière et de l’assistance papales.
Prenant la parole pour s’adresser à toutes les personnes qui ont fait leurs témoignages, mais aussi à tout l’ensemble du pays et au monde entier, le Pape François qui tient à ce que toute l’humanité sache ce qui se passe en RDC, a réconforté et remercié toutes ces victimes ayant eu le courage de témoigner en public ce qu’elles ont subi comme actes de violence.
« Chers frères et sœurs, merci pour votre courage, et vos témoignages. Face à la violence inhumaine que vous avez vue de vos yeux et éprouvée dans votre chaire, on reste sous le choc, il faut seulement pleurer en restant en silence… Ici et ailleurs, beaucoup de nos frères et sœurs, enfants de la même humanité sont pris en otage par l’arbitraire du plus fort, celui qui tient en mains les armes les plus puissantes, les armes qui continuent à circuler. Mon cœur se rend aujourd’hui dans cet immense pays qui n’aura pas de paix tant qu’il ne sera pas obtenu là, dans sa partie orientale. À vous chers habitants de l’Est, je suis proche de vous, vos larmes sont mes larmes. Votre souffrance est la mienne… », a dit le Pape François aux survivants des violences dans l’Est de la RDC.
Tout en condamnant les violences armées, le viol sur les femmes congolaises de l’Est, la destruction et l’occupation des villages, le Souverain Pontife a béni ces victimes, tout en leur faisant savoir que l’église restera toujours à leur côté et que Dieu les aime et ne les a pas oubliés. Cela avant de proclamer la paix du Christ sur ces survivants des violences.
« Je bénis chaque enfant, adulte, personne âgée, chaque personne blessée par la violence en RDC en particulier chaque femme et chaque mère. Et je prie pour que toute femme soit respectée, protégée et valorisée. Commettre une violence sur une femme ou sur une mère c’est faire ça à Dieu lui-même, qui d’une femme, d’une mère a pris la condition humaine. Que Jésus notre frère, Dieu de la réconciliation qui a planté l’arbre de vie, de la croix au cœur des ténèbres, du péché et de la souffrance, Dieu de l’espérance qui croit en vous, en votre pays, vous bénisse et vous console, qu’il répande sa paix dans vos cœurs, dans vos familles et dans toute la RDC. Merci », a conclu le Saint-Père.
Comme un vrai pasteur devant les fidèles, le Saint-Père a avant de conclure son speech, invité ces survivants des violences à cultiver la paix, l’amour et à pardonner leurs bourreaux comme Jésus-Christ a fait vis-à-vis de ceux qui l’ont tabassé et crucifié.
Il faut noter que l’Est de la République Démocratique du Congo est privé de paix depuis près de 30 ans, à cause des matières premières que renferme le sous-sol congolais dans cette partie, notamment le coltan, le lithium, le cuivre, le cobalt, l’uranium constituant à la fois une bénédiction et malédiction pour la population congolaise de ce coin, qui subit jusqu’à ce jour des conflits violents commandités par les grandes puissances occidentales aidées par les pays voisins de la RDC.
Patrick Mangoma/Radio de la Femme
Un commentaire
L’arrivée de Saint Père en RDC est une benediction a saisir par chacun de Nous