Aimerance Mwamini Byamungu, 30 ans, est mariée et mère de deux enfants. Il y a plus d’une année qu’elle et sa famille ont fui Nyamitaba, son village d’origine dans le territoire de Masisi, à cause du conflit armé qui a opposé les forces loyalistes au M23. Aimerance et sa famille ont depuis lors trouvé refuge dans le camp des personnes déplacées internes de Bulengo, en périphérie de Goma.
Déracinée de son village natal et forcée à vivre loin de son domicile par la force des choses, Aimerance qui gagnait sa vie en cultivant la terre, voit sa vie dans le camp de Bulengo sans lendemains et ses aptitudes culturales inutilisables.
Quoiqu’habile aux initiatives agropastorales, Aimerance était incapable de lire, d’écrire ou de compter, dès sa tendre enfance, dans une famille où l’éducation des filles se limitait au mariage précoce et aux travaux champêtres. Dans le camp, où elle passait ses journées à ne rien faire, elle se sentait démunie, dépendante uniquement de l’assistance alimentaire fournie par le Programme Alimentaire Mondial pour nourrir sa famille. Son quotidien se résumait à attendre cette assistance.
Consciente de ses limites, Aimerance est désireuse d’apprendre un autre métier que l’agriculture. « J’avais toujours eu le désir d’apprendre, même si ce n’était que pour lire un simple message sur mon téléphone, écrire mon nom ou utiliser avec parcimonie le peu d’argent que je pouvais avoir » déclare-t-elle, l’air déterminée.
Le rêve d’Aimerance devient réalité lorsque le PAM, à travers son partenaire ActionAid offre une formation en alphabétisation fonctionnelle aux déplacés des camps autour de Goma. Participante à cette formation, Aimerance acquiert des compétences qui lui permettront de créer et de gérer une activité génératrice de revenus. Grace à celle-ci, Aimerance intègre l’association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC).
« Auparavant, quand je me rendais au marché, il arrivait souvent qu’on me vole de l’argent, faute de savoir calculer et compter correctement. Aujourd’hui, je suis capable de gérer mon argent et de faire des choix éclairés pour ma famille. J’ai également acquis un métier : la coupe et couture, qui est devenue ma principale activité génératrice de revenus », se réjouit Aimerance.
De la dépendance à l’autonomie financière
A l’issue de la formation suivie, les apprenantes ont été dotées de machines à coudre, pour lier la théorie à la pratique. « Le début a été difficile pour moi, faute de clients puisque les gens ne croyaient pas en ma capacite de faire du beau travail. J’ai surmonté cet obstacle en proposant mes services à des prix abordables et en livrant un travail de qualité. Petit à petit, ma clientèle a grandi », se rappelle Aimerance.
« Aujourd’hui, je peux dire que je contribue aux dépenses familiales : j’achète de la nourriture, du savon et d’autres articles de première nécessité grâce à mes revenus. Mon mari, qui auparavant supportait seul les charges familiales, est aujourd’hui épaulé et soulagé. Il me respecte davantage. Il est même étonné de ma contribution, et me demande avec admiration: Aujourd’hui toi aussi, tu es capable d’apporter quelque chose à la maison ? », déclare Aimerance, fière de son inclusion et autonomie financière.
Une source d’inspiration pour sa communauté
Le succès d’Aimerance a eu un impact positif sur sa famille. « Mon fils, fier de mes réalisations, m’appelle désormais affectueusement maman tailleur. Je couds même les uniformes scolaires de mes enfants, économisant ainsi mes ressources », témoigne-t-elle.
Pour les femmes qui hésitent encore à être formées et à se lancer dans les activités génératrices de revenus, Aimerance se dit prête a les y accompagner, avec des conseils, partant de son expérience personnelle qui lui a ouvert la voie à l’autonomie financière et au respect dans la famille et la communauté. « Je suis prête à partager mon savoir avec d’autres femmes intéressées par la couture ».
Avec Top Congo