Carine a aujourd’hui 39 ans. Mais, elle se souvient encore de bout à bout de son passé récent d’une exploitée sexuelle sans son consentement.
Le calvaire part du décès de son père et de sa mère dans un terrible accident de circulation alors qu’elle n’a que 11 ans. A l’instar d’autres cas similaires, la jeune fille a été proposée à une famille d’accueil de la capitale congolaise pour adoption.
Malheureusement, c’est là que la jeune Carine verra le ciel s’assombrir sous ses pas. Dans un premier temps, elle qui n’avait aucun choix acceptera de se déplacer pour Mbandaka, dans l’Equateur, où ses tuteurs ont été mutés.
Mais, à 17 ans, le père adoptif de Carine qui avait décidé de la harceler sexuellement la contraindra à quitter le toit parental pour se mettre à l’abri par la complicité de sa tuteure qui avait été mise au courant des manoeuvres de son mari.
« Quelque temps après, j’ai été obligée de fuir la maison à l’âge de 17 ans avec la complicité de ma mère adoptive parce que son mari, mon père adoptif, me harcelait sexuellement« , confie-t-elle.
Cependant, avant de s’échapper, comme la plupart d’autres victimes, elle s’est résignée. Sans défense, face à la recherche d’une intégration sociale, Carine a eu du mal à dénoncer ces abus et a opté pour le silence de peur d’être chassée de la maison.
Puis, prématurément, elle s’est donnée en mariage à un homme, question de prévenir son avenir. Sa mère adoptive qui lui proposa cette alternative, elle aussi, voulait seulement la vendre pour gagner d’elle. Le départ de Carine n’était qu’un bon débarras pour elle. Comble de misère, même le mariage n’ira pas loin, car le conjoint de la jeune fille périra dans une noyade.
« Ma mère adoptive m’a convaincu de me marier pour assurer mon avenir parce que je n’avais personne pour me soutenir. J’ai compris par la suite qu’elle m’a juste vendue pour percevoir la dot. Encore mineure, j’ai accepté par peur et peu de temps après, mon mari a trouvé la mort par noyade alors que j’étais déjà enceinte », raconte Carine, la trentaine révolue aujourd’hui.
Si Carine a accepté de se livrer pour décrire sa situation, des cas semblables sont nombreux aussi bien dans la capitale que dans le reste du pays. Fania Mutina Mpwene, point focal d’une ONG qui s’implique dans les VSBG (violences sexuelles et celles basées sur le genre), le reconnaît et rassure que son organisation, en collaboration avec La Ligue de la zone Afrique pour la défense des droits des élèves et de enfants ainsi que le comité des pères éducateurs travaille pour saveur les victimes.
« C’est ainsi que nous allons entrer en contact avec la survivante pour en savoir plus. La séance d’écoute avec la victime se déroule en toute discrétion dans notre bureau soit chez elle à la maison« , dit-elle.
On ne le rappellera jamais assez, la loi congolaise punit toutes les formes des violences portées à l’endroit d’une femme congolaise et cela, pour toutes les autres infractions dont elle aura été victime. Une action judiciaire doit être intentée aux fins de poursuivre l’auteur jusqu’à obtenir sa condamnation. Pour ce qui est de la violence sexuelle, la condamnation peut aller de 5 à 20 ans.
Par Charles Mapinduzi