Au sein de la classe politique congolaise, l’assassinat, dont a été victime l’ancien ministre des Transports du Gouvernement Sama passé à l’opposition, divise tant les acteurs politiques qu’il ne le réunit si bien que l’identité de ses bourreaux reste encore un mystère et les circonstances de sa mort non encore élucidées.
Il est, en effet, curieux de constater que tout le monde va de son commentaire et de son imagination depuis la confirmation du meurtre du député national Chérubin Okende Senga dans la matinée du jeudi 13 juillet 2023.
Sur son compte twitter ce dimanche, Alain- Daniel Shekomba a froidement analysé cette question en pointant du doigt les services de sécurité comme auteurs de ce crime «inexcusable et impardonnable.»
«L’assassinat de Chérubin Okende doit certainement être une tentative d’arrestation et d’interrogatoire musclée, mais qui s’est mal passée», a écrit Alain- Daniel Shekomba qui établit des cas de similitudes dans la façon de procéder des services de sécurité pour arrêter les opposants. Il y a peu déjà, Frank Diongo et Salomon Kalonda Idi, tous membres de l’opposition ont été cueillis comme des citoyens ordinaires. Après l’un a été libéré et l’autre croupit encore à la prison militaire de Ndolo en attendant d’être fixé sur son sort.
Tout en restant cartésien, Alain- Daniel Shekomba dédouane Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi de «l’assassinat planifié» de Chérubin Okende comme les extrémistes de deux camps politiques le laissent clairement entendre. Cet ancien candidat à la présidentielle de 2018 refuse de croire à une telle obscénité répandue dans les médias et réseaux sociaux.
«Je ne crois pas à l’hypothèse d’assassinat planifié par Tshisekedi ou par Katumbi. La planification d’un assassinat demande beaucoup d’intelligence et de cynisme, qui sont des qualités très rares», a-t-il indiqué.
« Une arrestation qui se serait mal passée » ?
Il est important de partir de cette hypothèse pour arriver à une conclusion qui puisse révéler l’identité du meurtrier. Qui voulait arrêter Chérubin Okende, de qui a-t-il reçu ordre ou mission et pour quelle raison étant donné que l’illustre disparu se préparait à répondre à une séance de travail sur demande du juge rapporteur de la Cour constitutionnelle désigné pour cette cause. Peut-on s’accorder a dire que la haute Cour de justice s’est-elle adonnée allègrement à ce petit jeu pour livrer cet ancien membre du gouvernement ? Difficile de le confirmer. Cependant, au cas où ces hypothèses seraient avérées, Félix Tshisekedi, en sa qualité de chef de l’État, devrait assumer ses responsabilités par rapport à la mission et au rôle qui sont les siens surtout en cette période pré- électorale où la tension monte d’un cran selon que les manifestations publiques sont interdites ou réprimées avec une rare violence et les opposants à son régime arrêtés, interpellés, avec une brutalité inouïe, par les services de sécurité, qui sont sous l’autorité du président de la République. Ce dernier les a sciemment activés dans le but de faire peur à tous ceux qui ont l’ambition ou caressent le projet de postuler comme lui à la présidentielle du 20 décembre 2023.
«Tshisekedi dans sa volonté de puissance a certainement lassé faire, les apprentis sorciers qui lui disent que la seule façon de faire valider les résultats des élections de 2023, est d’être craint comme Kabila l’était en 2018. Les enquêteurs sérieux arriveront certainement à cette conclusion », a déclaré Shekomba sans s’en cacher.
Malgré ces méthodes de Kabila que Tshisekedi recopie à la lettre pour les balancer contre les opposants, les leaders de l’opposition dont Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Matata Ponyo ou Joseph Kabila sont vent debout pour y résister peu importe les conséquences et le prix qu’une telle lutte anti- régime représente. Ces divergences de vue entre le pouvoir en place et l’opposition fondées essentiellement sur le respect de la constitution et des lois de la république peinent à être aplanies à 5 mois des élections générales prévues en cette fin d’année selon le calendrier de la CENI de Denis Kadima dont sa composition pose aussi problème.
Au regard de ce tableau peu luisant de notre jeune démocratie, comment aller aux élections dans ce climat qui suscite une forte crise de confiance et plante d’ores et déjà le décor des contestations des résultats à la base de l’instabilité des institutions puisque le président proclamé « vainqueur » des urnes fait bien souvent face à un problème de légitimité.
Il sied donc de souligner que la vie des Congolais est bien plus que le pouvoir. Il est, dans ce cas, demandé aux acteurs politiques de faire preuve de dépassement de soi et de sagesse s’ils veulent préserver le pays de l’hécatombe, c’est le moins que l’on puisse à dire à ce stade où le pays prend « un virage très dangereux » avec l’assassinat crapuleux de Chérubin Okende, l’un des bras droits de Moïse Katumbi, resté fidèle à sa famille politique. Il l’a démontré en quittant le gouvernement Sama I pour respecter le mot d’ordre d’Ensemble pour la République, qui en avait ras le bol de demeurer dans une coalition dite « Union Sacrée de la Nation » où les motivations et les principes fondateurs n’étaient pas considérés.
Par Gédéon ATIBU